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- Elizabeth Economy du CFR a déclaré la guerre à la politique chinoise de nouvelle Route de la soie.
- Crédit : theepochtimes.com
Dans la livraison de novembre/décembre 2014 de la revue Foreign Affairs, Elizabeth Economy, la directrice des études asiatiques au Council on Foreign Relations [1] (Conseil des relations étrangères de New York), publie un appel qui fait froid dans le dos : l’Occident doit se mobiliser de toute urgence pour contrer la Chine et la politique de Nouvelle route de la soie introduite par son président Xi Jinping.
Bien qu’elle dirige le département asiatique du principal groupe de réflexion de l’Empire britannique aux Etats-Unis, Economy n’a aucun scrupule à désigner Xi Jinping comme « président impérial de la Chine ».
Elle ne cache pas non plus le fait que ses principales cibles sont la Nouvelle route de la soie, la Banque asiatique d’investissement dans l’infrastructure (AIIB), ainsi que les BRICS.
Elle écrit :
Pour Xi, tous les chemins mènent à Beijing, tant au sens figuré que littéral. Il a ravivé l’ancien concept de Route de la soie, qui a relié l’Empire chinois à l’Asie centrale, au Moyen Orient et même l’Europe, en proposant un vaste réseau de voies ferrées, de pipelines, d’autoroutes et de canaux suivant les contours de l’ancienne route. L’infrastructure, que Xi voudrait voir financée et construite par les banques et entreprises chinoises, permettrait à la Chine d’accroître ses échanges commerciaux avec le reste du monde. Beijing a aussi envisagé de construire quelque 13 000 km de chemins de fer intercontinentaux à grande vitesse qui relieraient la Chine au Canada, à la Russie, et aux Etats-Unis, via le détroit de Béring. Même l’Arctique deviendrait l’arrière-court de la Chine : les analystes chinois décrivent leur pays comme une pays quasi-arctique.
Pour accompagner ces infrastructures, Xi souhaite également établir de nouvelles institutions pour soutenir la position de la Chine en tant que puissance régionale et globale. Il a contribué à la création d’une Nouvelle banque de développement, opérée par les pays membres des BRICS, pour défier la position dominante du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Et il avancé l’idée d’établir une Banque asiatique d’investissement dans l’infrastructure, qui permettrait à la Chine de devenir la principale source de financement du développement régional. Ces deux efforts illustrent la volonté de Xi de capitaliser sur les frustrations découlant de la réticence des Etats-Unis à rendre les institutions internationales plus représentatives des pays en voie de développement.
Economy lâche ensuite le morceau : Elle appelle les Etats-Unis non pas à faire le nécessaire pour mettre en place une nouvelle architecture de sécurité et de développement plus juste, mais à se mobiliser tant sur le plan militaire que sur celui de la guerre économique et de la subversion, par des « révolutions de couleur ».
La rhétorique nationaliste de Xi et son attitude militaire déterminée constituent un défi direct aux intérêts des américains dans la région et demandent une réponse vigoureuse. Le rééquilibrage de Washington, ou pivot, vers l’Asie, représente plus qu’une simple réaction au comportement plus déterminé de la Chine. Il reflète également les valeurs les plus chères défendues par les Etats-Unis à l’étranger : la liberté sur les mers, dans les airs et dans l’espace ; le libre-échange, l’Etat de droit, et les droits humains fondamentaux. [Lire le droit de l’oligarchie financière à piller qui bon lui semble, ndlr] Sans pivot fort, le rôle des Etats-Unis en tant que puissance régionale, diminuera, et Washington se verra refuser les bienfaits d’un lien plus étroit avec les économies les plus dynamiques de ce monde. Les Etats-Unis devraient par conséquent renforcer le pivot par une forte présence militaire dans la région Asie-Pacifique et dissuader ou contrer l’agression chinoise ; trouver une entente puis ratifier le TPP [Partenariat transpacifique] ; et stimuler les programmes de soutien aux institutions démocratiques et à la société civile dans des pays tels que le Cambodge, la Malaisie et Myanmar, puis le Vietnam, où la démocratie est encore naissante mais en croissance.
[1] Fondé en 1921 par les frères John Foster et Allan Dulles, le Council on Foreign Relations (CFR) se définit comme la branche américaine du Royal Institute of International Affairs (RIIA) de Londres (Chatham House), c’est-à-dire un club et un think-tank permettant aux milieux financiers de se coordonner pour façonner la politique des nations à leur profit. Berceau du mondialisme, le CFR est parfois présenté comme un « gouvernement invisible ». Foreign Affairs est la revue du CFR.
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