La soumission de François Hollande à l’Empire anglo-américain a pris ces jours derniers des allures encore plus méprisables, non seulement par son refus de s’allier à la coordination Russie-Syrie-Iran-Irak contre Daech, mais aussi en montant au créneau pour défendre « nos » terroristes (Al-Nusra, filiale d’Al-Qaïda) face à l’avancée russe.
Rappelons cependant que M. Hollande ne recueille plus que 16 % d’opinions favorables chez les Français, ce qui vaut aussi pour sa politique à l’égard de la Russie. Au grand dam de Washington et de Laurent Fabius, chargé des Affaires étrangères du protectorat américain qu’est devenue la France, la classe politique est désormais très majoritairement favorable à la levée des sanctions contre la Russie et à une réaffirmation de notre indépendance nationale face aux États-Unis.
Une table ronde organisée à l’Assemblée nationale par le Dialogue franco-russe, en collaboration avec le Sénateur-maire du XVIe arrondissement, Claude Goasguen, point de départ d’une semaine de la Russie enchaînant conférences, expositions, soirées musicales et délicatesses russes, a permis de faire entendre un son de cloche diamétralement opposé parmi des élus, des chefs d’entreprise et des experts plutôt à droite.
Vladimir Iakounine, vice-président du Dialogue franco-russe, et Claude Goasguen ont ouvert la réunion, suivis de nombreux hauts responsables russes venus pour l’occasion, dont le vice-ministre des affaires étrangères, Alexeï Mechkov. A l’instar de M. Iakounine, qui cita l’Institut autrichien WIFO, selon lequel l’impact des sanctions pour l’Europe pourrait se traduire par des pertes de 100 milliards d’euros et de 100 000 emplois à long terme, les orateurs ont dénoncé les effets néfastes de ces sanctions.
Des chefs d’entreprises françaises présentes en Russie – dont Jean-Pierre Thomas, de Vendôme Investments, Gilles Rémy (CIFAL), Lionel Champeaud (Airbus Russie), Vladimir Popov (SODIS) et Serge Dégallaix, de la Fondation Prospective et Innovation –, ont alors pris la parole pour proposer des solutions.
Dans le collimateur, les banques françaises qui, suite à l’affaire BNP Paribas, ne financent plus les échanges avec la Russie, s’imposant, par crainte de sanctions américaines, une autocensure qui va au-delà même des sanctions ! On ne doit pas baisser les bras, disent les uns et les autres, « c’est maintenant et non après les sanctions, qu’il faut agir. Car entretemps, d’autres prennent nos places ». Les entreprises françaises pourraient par exemple aider les Russes à créer des entreprises de substitution aux importations. Selon Vladimir Tkatchenko, vice-président du CEFIC au Ministère de l’Économie russe, les entreprises françaises des secteurs de l’énergie,l’automobile, le spatial, l’agro-alimentaire et la pharmacie, restent parmi les plus actives dans le pays.
Un optimisme tranquille mais inébranlable aussi du côté du directeur général d’Airbus, qui a insisté sur les progrès qui se poursuivent malgré les sanctions : lanceurs Soyouz russes décollant de Kourou (Guyane), partenariat avec le numéro un mondial du titane VSMPO-AVISMA pour la production du A 350 XWB, création du centre ECAR qui emploie 230 ingénieurs russes, collaboration possible sur les supraconducteurs pour le dernier bébé dAirbus, lavion électrique.
La parole fut ensuite donnée aux experts et aux élus français . Parmi les experts, Jacques Sapir notamment, pour qui la crise dans les relations franco-russes n’est qu’un épiphénomène du basculement de l’ordre mondial de la zone transatlantique vers le Pacifique. Une situation qui a déjà existé, dit-il, « au XVII-XVIIIe siècles, où le PIB de la Chine était environ 40 % du PIB mondial ». Un retour aussi des Etats-nations westphaliens dans l’ordre du monde (Russie, Inde, Chine..).
Le député UMP Nicolas Dhuicq, secrétaire du groupe d’amitié franco-russe, a donné aux participants un aperçu du débat qui venait d’avoir lieu dans lhémicycle pour entériner l’annulation du contrat des Mistrals avec la Russie, et où seuls 24 élus avait participé ! Il a plaidé de son côté pour aider la Russie à retrouver une économie de production, pour ne plus dépendre de ses matières premières et pour une exploitation conjointe des immenses richesses de la Sibérie.
Dans ses remarques finales, Claude Goasguen, très remonté contre les États-Unis, s’est livré à quelques remarques sur la situation européenne, notant combien le traumatisme de l’occupation soviétique a laissé des traces dans les pays Baltes et en Pologne, pays qui aujourd’hui sont un facteur important dans l’hostilité de l’Europe contre la Russie. Il a note ensuite que l’Allemagne, est bien moins soumise aujourd’hui aux États-Unis que la France. Pour le Sénateur qui a pu s’entretenir avec de hauts responsables de la CDU et du SPD, au cours d’un récent voyage en Allemagne, on assiste à un « réveil allemand », a « une prise de conscience par ce pays de son rôle historique ». Si au départ de l’affaire ukrainienne, la position allemande par rapport aux États-Unis, était beaucoup plus timide que la Française, le contraire est vrai aujourd’hui.
La Semaine de la Russie fut aussi l’occasion pour Denys Pluvinage, conseiller au Dialogue franco-russe, de présenter Le siècle Russie, son dernier ouvrage rassemblant des entretiens avec des patrons de grandes entreprises françaises en Russie (dont Alstom, Total, la SNCF), des articles de spécialistes (dont Philippe Migaut (IRIS), Helène Cément-Pitiot (CEMI), Jacques Sapir (EHESS) et Alexandre Troubetskoï) ainsi que ses réflexions sur la matrice culturelle russe. Le livre fut présenté en présence d’Alexandre Troubetskoï, président exécutif du Dialogue Franco-Russe et de Philippe Migaut, directeur de recherches à l’IRIS.
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