En marge du sommet de l’UE à Bruxelles la semaine dernière, les ministres des Finances de la zone euro et le FMI ont infligé vendredi soir un plan d’aide à Chypre. Nicosie avait demandé dès juin 2012 une aide financière à l’UE ainsi qu’au FMI, pour pouvoir renflouer ses deux principales banques, victimes de la crise grecque et de la restructuration imposée aux créditeurs privés.
Les bailleurs de fonds de Chypre ont renoncé à un effacement de dette, qui aurait fait subir de lourdes pertes aux créanciers privés (ce qui fut pourtant fait en Grèce au printemps 2012).
Ainsi, avec la bénédiction de nos dirigeants, en échange d’une aide maximale de 10 milliards d’euros, le patron de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, a imposé une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires, de 6,75% en deçà de 100000 euros et de 9,9% au-delà.
Le gouvernement chypriote promet de compenser les taxes et les prélèvements par la distribution d’actions, a indiqué le ministre des Finances, Michalis Sarris, prétendant que les mesures prises permettent d’éviter « des coupes dans les salaires et les pensions ». A cela s’ajouteront de nouvelles privatisations et une hausse de l’impôt sur les sociétés qui passera de 10 à 12,5%.
Sur place, dès que la nouvelle était connue samedi matin, des dizaines de Chypriotes et d’étrangers, très nombreux sur l’île, se sont rués sur les banques pour retirer de l’argent des distributeurs automatiques.
Pour endiguer ce qui devenait un véritable bank run digne des années 1930, les autorités chypriotes ont bloqué les comptes et imposé la fermeture des agences bancaires. « Pour autant, ce n’est que reculer le moment où les déposants viendront retirer leurs dépôts, en affaiblissant ainsi davantage le secteur bancaire du pays », commente un analyste. « C’est l’élément qu’il faudra suivre dans les jours et les semaines à venir pour savoir si la solution retenue n’est qu’un événement ponctuel ou le retour dans une phase aiguë de la crise européenne », ajoute-t-il.
Alors que le Parlement chypriote doit se réunir mardi pour accepter ou refuser la ratification de ce plan, la directrice du FMI, Christine Lagarde, dont l’institution devrait participer au plan d’aide chypriote, a quant à elle déclaré : « La solution présentée est durable, pérenne et dans l’intérêt de l’économie chypriote. »
Même du point de vue de ceux qui veulent « sauver les banques », il s’agit d’une erreur monumentale.
D’abord sur le fond : comment peut-on rétablir la confiance dans le système bancaire si l’on ponctionne d’office les dépôts des citoyens pour renflouer des banques qui ont spéculé ? Ceux qui faisaient de la création d’une Union bancaire d’une Europe solidaire y sont pour leurs frais, car plus personne ne peut croire que les Etats soient réellement les garants des dépôts.
Ensuite sur la forme : on a signifié aux Chypriotes que c’était cela ou se voir expulsé de la zone euro sans ménagement ni accompagnement. Alors que Chypre aurait pu et aurait dû opter pour la deuxième option, il a cédé au chantage.
Maintenant que l’affaire chypriote plombe tous les marchés, certains essayent, tout en refusant de faire marche arrière, « d’accompagner » les effets du crime.
Le ministre des Finances chypriote et le gouverneur de la banque centrale, Panicos Demetriades, ont expliqué qu’ils étudiaient une formule de taxation des dépôts bancaires moins sévère pour les petits déposants. « Avec la banque centrale, nous discutons d’une reconfiguration des taux d’imposition pour rapprocher de zéro ceux des comptes en dessous de 100 000 euros », en augmentant parallèlement le taux sur les plus grosses fortunes, a précisé M. Sarris.
Le gouvernement français a également versé sa larme de crocodile. « Si Chypre choisissait, tout en respectant l’enveloppe globale de sa contribution au plan, une répartition différente pour mieux protéger les petits dépôts, il faut l’écouter et à mon sens l’entendre », a fait savoir Pierre Moscovici, ministre de l’Economie.
En tout cas, l’affaire chypriote révèle un tournant décisif. Comme le précise l’économiste Jacques Sapir : « Alors que la confiance des épargnants dans la solidité de leurs banques est relativement faible dans une bonne partie de l’Europe du Sud, cette mesure revient à agiter un chiffon rouge devant leurs yeux. Le risque est donc que l’on assiste à une contagion qui toucherait d’abord la Grèce, puis l’Espagne et enfin l’Italie. »
En 1933, par le Banking Act, le Président Roosevelt avait créé le Fonds de garantie des dépôts américain (FDIC). En échange de cette garantie, l’Etat américain imposa la séparation stricte entre banques normales (dépôts et crédit) et banques d’affaires spéculatives.
L’affaire chypriote révèle une fois de plus, que sans cette séparation stricte du type Glass-Steagall, aucun Etat ne peut garantir la sécurité des dépôts. Si le gouvernement français persiste à ne pas séparer les banques, il devrait avoir l’honnêteté de reconnaître qu’il ne peut garantir nos dépôts bancaires. Car, vu l’état de nos banques, nous sommes tous des Chypriotes !
Signez sans tarder l’Appel à un Glass-Steagall global
# walter benjamin
• 24/03/2013 - 12:44
Le Glass steagall act ne suffira pas cette fois : il avait tenu 60 ans depuis 1932 mais avec l’informatique les bulles spéculatives se reconstituent très vite,en quelques années .Aujourd’hui il faut interdire toute spéculation ,et interdire aux banques tout trafic avec les "paradis fiscaux" sous peine de retrait des licences (proposition de Merkel paniquée en 2008 !) Lisez le blog de Paul Jorion
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# christian procquez
• 19/03/2013 - 15:08
L’apathie du Peuple Francais donne le pouvoir à Hollande et ses Ministres de se transformer en criminels. En urgence Peuple de France réveillez vous avant la prochaine guerre dans vous serez les responsables. Merci aux resistants, et M Cheminade et ses Collaborateurs.
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# petite souris
• 18/03/2013 - 18:26
"Ils" osent appeler cela un plan d’aide !
Il s’agit d’un hold up
Les criminels sont à poursuivre en justice ..............
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