La semaine dernière nous avions indiqué les liens entre Jyllands-Posten, le quotidien danois qui fut le premier à publier les « caricatures de Mahomet », l’institut néo-conservateur danois CEPOS et George Shultz, le synarchiste qui contrôle l’administration Bush-Cheney. Entre-temps, de nouveaux aspects de cette nébuleuse sont venus confirmer la nature orchestrée de cette opération de guerre psychologique.
Suite aux attaques du 11 septembre 2001, le Premier ministre Poul Nyrup Rasmussen avait exhorté les médias à s’abstenir de publier des éditoriaux incendiaires contre les musulmans ; Jyllands-Posten fut le seul quotidien danois à ne pas en tenir compte.
Le 20 novembre 2001, il affirmait dans son éditorial que les attentats du 11 septembre « démontrent le bien fondé de la thèse sensationnelle mise en avant par le professeur Samuel Huntington (...) dans son livre le Choc des civilisations ». Le texte comparait les « idéaux de liberté de l’Occident » à « la perception moyenâgeuse du monde » de l’Islam.
C’est Flemming Rose, rédacteur « culturel » de Jyllands-Posten, qui avait commandé les 12 « caricatures » et les a publiées en dépit des avertissements d’experts de l’Islam.
En octobre 2004, sous le titre « La menace de l’Islam », Rose avait publié une interview du journaliste Daniel Pipes, réalisée aux Etats-Unis.
Daniel Pipes, un élève de Léo Strauss, est le fils de Richard Pipes, un membre du Comité sur le danger présent dont le co-président est l’ancien secrétaire d’Etat américain George Shultz, l’homme qui a sélectionné les membres de l’administration Bush-Cheney.
Daniel Pipes est aussi directeur et fondateur du Middle East Forum (MEF) et du site internet Campus Watch, accusé de méthodes d’intimidation dignes de la période maccarthyste à l’égard d’intellectuels qui critiquent la politique israélienne.
Flemming Rose a reçu le soutien du vice-président du centre néo-conservateur danois CEPOS, David Gress. Lors d’une interview à la radio danoise, ce dernier a comparé le conflit entre l’Islam et l’Ouest à une « nouvelle guerre froide », et ceux qui refusent de défendre les caricatures du Jyllands Posten à ceux qui cherchaient à « apaiser » l’Union soviétique à cette époque.
De 1999 à 2001, Gress fut professeur d’histoire de civilisations (chaire de John M. Olin) à l’université de Boston. Il s’agit de la fameuse Fondation Olin, qui a financé à coup de millions de dollars le mouvement néo-conservateur aux Etats-Unis.
La publication des caricatures dans des journaux français, allemands et autres, le 1er février, révèle aussi une opération synarchiste néo-conservatrice.
Ainsi, l’organisation internationale Reporters sans frontières, basée en France, qui a défendu dès le départ le droit du Jyllands Posten à diffuser ces images et en a encouragé d’autres à le faire. Côté américain, elle est financée par la Fondation nationale pour la démocratie (NED) et le Centre pour un Cuba libre, une organisation d’extrême droite basée à Miami qui milite pour le chute de Fidel Castro.
Depuis 2001, Reporters sans frontières collabore étroitement avec Otto Reich, actuellement envoyé spécial du président Bush en Amérique latine. Ancien protagoniste de l’affaire Iran-Contra, Reich était conseiller spécial de Schultz pour l’Amérique latine de 1983 à 1986, quand ce dernier était secrétaire d’Etat.
Il est aussi accusé d’avoir coordonné le putsch manqué contre Hugo Chavez ainsi que l’intervention franco-américaine contre Aristide et ses partisans en Haïti.
Notons également que Serge Faubert, le rédacteur en chef adjoint de France Soir qui a poussé ce journal à publier les caricatures, a été à l’origine d’une campagne de diffamation contre Jacques Cheminade en 1995. Journaliste travaillant pour différents organes de presse, parmi lesquels VSD et l’Evénement du Jeudi, il avait été le premier à l’époque à accuser Jacques Cheminade d’être un agent de Saddam Hussein !
Choc des civilisations
La publication des caricatures dans le Jyllands Posten et leur reproduction, début février, dans d’autres journaux européens font de toute évidence partie d’une opération « téléguidée » destinée à :
- attiser l’islamophobie et
- faire monter les tensions avec les populations musulmanes vivant en Europe.
Cependant, au Moyen-Orient comme dans l’ensemble du monde musulman, l’opération est elle aussi « téléguidée ». Dans le monde islamique, elle opère par le biais d’instruments du Renseignement britannique dans les Frères musulmans, qui sont actifs du Maroc jusqu’au Pakistan.
La première publication des caricatures, en septembre 2005, était pratiquement passée inaperçue dans le monde musulman, jusqu’à leur reproduction fin janvier dans le contexte de l’escalade de la crise iranienne.
Par ailleurs, si les images de l’incendie du consulat danois à Beyrouth, diffusées aux informations télévisées, paraissaient assez impressionnantes, il y avait tout au plus quelque 200 « manifestants » sur place, qui faisaient clairement partie d’une opération orchestrée par certains groupes au Liban.
Selon certaines sources, les manifestations organisées à Damas étaient sans doute soutenues par des éléments du gouvernement syrien, sinon elles n’auraient pas pu se dérouler.
Le régime syrien « joue un jeu dangereux », selon une de nos sources, et « tombe dans un piège » en pensant pouvoir obtenir le soutien politique des masses arabes avant que les Frères musulmans n’exploitent le ferment pour lancer une nouvelle déstabilisation de la Syrie.
En Iran, la manière dont la faction dure essaie de profiter de la situation montre qu’elle aussi joue le rôle qui lui est attribué dans cette crise orchestrée par les Anglais et les synarchistes.
En réaction aux caricatures, l’Iran a décidé de boycotter les produits danois, amenant en retour l’Union européenne à brandir la menace de sanctions économiques. Ainsi, le régime iranien offre un autre motif de lancer des sanctions, indépendamment des Nations unies et de la question nucléaire.
De même, les caricatures ont provoqué la colère à Gaza et en Cisjordanie, au moment même où le Hamas, qui vient de remporter les élections palestiniennes, entame des négociations délicates avec d’autres factions palestiniennes en vue de former un gouvernement qui pourrait continuer de bénéficier du soutien financier de l’Union européenne.
Voir aussi L’orchestration d’une épreuve de force avec l’Iran.