Même d’anciens banquiers d’affaires appellent au retour du Glass-Steagall et à la fin du « système de banques universelles », comme vient de le faire le belge Paul Goldschmidt dans un article dans The Globalist. Goldschmidt, ancien banquier de Goldman Sachs et ancien mandarin à la Commission européenne, est maintenant le président des Affaires européennes à l’Institut Thomas More à Bruxelles et à Paris.
Il expose clairement que la politique de faibles taux d’intérêt, l’assouplissement qualitatif, et le système de banques universelles n’a pas seulement failli, mais est aussi un mélange toxique. De plus, la politique de l’Union européenne de créer un large marché des capitaux pour financer l’économie réelle, est impossible avec un système de banques universelles. Il écrit :
Les banques universelles doivent constamment choisir de l’intermédiaire entre soit les emprunteurs et les déposants, tout en gardant le risque de crédit dans ses propres comptes (les prêts de banque commerciale), soit entre les émetteurs et les investisseurs, le risque de crédit étant transféré vers ces deniers (le financement du marché des capitaux).
Le potentiel de conflit est exacerbé quand l’émetteur est aussi un emprunteur de la banque, ou quand la banque a une branche interne de gestion d’actifs. Ce problème était déjà reconnu aux États-Unis après le crash de 1929 et la dépression des années 30.
Ce qui a conduit à la séparation des activités de banque commerciale et d’investissement (le Glass-Steagall Act) ainsi qu’à une législation spécifique pour protéger les investisseurs (Securities and Exchange Act).
Et cela a créé les fondations sur laquelle la croissance spectaculaire du marché des capitaux américain, à la différence de son secteur de banque commerciale, fut capable de prospérer. La séparation a créé une base suffisamment large pour que les deux secteurs opèrent de manière profitable.
Il est aussi vrai que les États-Unis ont dévié de ce chemin vertueux avec la dérégulation progressive des marchés américains à la fin des années 70, incluant l’abrogation du Glass-Steagall Act en 1999.
Notant que « des voix plus nombreuses soutiennent le retour au modèle du Glass-Steagall », il conclut :
Maintenant n’est pas le moment de se prosterner devant le lobby bancaire européen qui continue d’exercer une influence excessive, résultant d’une relation incestueuse confortable avec les gouvernements nationaux…
Se défaire du « modèle des banques universelles » devrait être un élément clé pour traiter cette situation explosive.
Nous ne pouvons simplement pas nous permettre une nouvelle crise bancaire. Si cela devait avoir lieu, cela mettrait en péril non seulement le secteur financier, mais aurait aussi de graves conséquences économiques et sociales capables de déstabiliser les fondations de la démocratie européenne.
# PAPON
• 11/08/2016 - 10:28
Il est aussi vrai que les États-Unis ont dévié de ce chemin vertueux avec la dérégulation progressive des marchés américains à la fin des années 70, incluant l’abrogation du Glass-Steagall Act en 1999.
La raison de cette derive correspond à l’arrivée de "cadres" tres particuliers dans les grandes banques US.
L’afflux de sommes colossales issues du crime organisé a seul permis le sauvetage des banques en difficulté mais les a obligées à perdre une partie du contrôle au profit de "parrains" ayant une conception differente du metier de la banque.
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