Vendredi après-midi, alors que le monde entier avait les yeux rivés sur la famille royale britannique, le secrétaire au Trésor américain a discrètement exhibé la soumission des institutions américaines à la City de Londres. Tim Geithner a annoncé que l’administration Obama allait exempter le marché des devises (Forex) de la nouvelle régulation Dodd-Frank sur les chambres de compensation, lui permettant de se maintenir hors-la-loi.
Le Forex est le centre du système mondial : il brasse 4000 milliards d’équivalent dollar chaque jour, [*] dont 80% d’opérations spéculatives, c’est-à-dire de pillage et de destruction économique. Le centre de ce système ? Londres ! La City est le premier centre mondial des échanges de devises puisqu’elle centralise 37% des transactions sur les rives de la Tamise, loin devant son vassal new-yorkais. C’est elle qui fait la tendance. Si l’on ajoute à sa part les autres centres Forex situés dans sa sphère d’influence directe – Hong Kong, Singapour, le Canada et l’Australie – la capitale britannique à la mainmise sur la quasi-totalité du système monétaire mondial.
L’on doit d’ailleurs faire ici la différence entre Londres, capitale de l’Etat anglais, et la City de Londres, véritable Etat dans l’Etat, avec son propre gouvernement, sa propre police, et sa propre justice, tout en siégeant au Parlement britannique et en contrôlant la Banque d’Angleterre.
Avec la chute de l’Empire colonial britannique après la deuxième Guerre mondiale et la mise en place des accords de Bretton Woods voulus par Franklin Roosevelt à cette fin, la City s’est engouffrée dans le vide juridique d’une finance offshore qu’elle a inventé pour détourner et capter les flux de capitaux. Le Forex d’aujourd’hui, un marché de gré à gré échappant à toute autorité publique, est l’aboutissement du système eurodollar lancé dans les années 1950 et qui a définitivement pris le contrôle de l’économie mondiale après la fin officielle de Bretton Woods en 1971. 4000 milliards de dollars par jour, à raison de cinq jours ouvrables par semaine, c’est 1 million de milliards de dollars (20 fois le PIB mondial) joué chaque année sur la « valeur » de la monnaie qui est dans vos poches, hors de tout contrôle de vos élus.
Obama avait tenté de faire croire à ceux qui le voulaient bien, que sa réforme financière affirmait l’autorité de l’Etat face aux marchés. Aujourd’hui, même le New York Times , qui n’est pas répertorié sur la liste des ennemis de la City et de Wall Street, s’insurge : « le vide juridique de la loi [Dodd-Frank] – pour lequel se sont battus les banquiers et leurs amis, y compris le gouvernement – permet au secrétaire au Trésor d’exempter ces instruments. »
La sénatrice démocrate Maria Cantwell, connue pour avoir combattu les vides juridiques ouverts par la loi Dodd-Frank, a vivement dénoncé l’attitude de la Maison-Blanche : « Je ne peux pas croire que la première décision du gouvernement pour mettre en place la loi Dodd-Frank aille contre la transparence. L’idée que les marchés de devises ne sont pas porteurs de risque est grotesque ; nous savons désormais qu’ils nécessitent des milliers de milliards pour être renfloués. Dès lors qu’il y a manque de transparence, l’on ouvre la porte aux abus. »
Le talon d’Achille de cet empire financier, qui n’est qu’un vaste empilement de titres et créances sans aucune valeur ni légitimité, est qu’il repose sur la « banque universelle » qui réunit sous le même toit spéculation et argent de vos dépôts, ce qui lui permet d’être protégée en cas de chute. Le fil de l’épée de la nouvelle résistance populaire doit être de redécouper les banques en morceaux pour garder ce qui est bon et laisser mourir le reste dans un coin plutôt que sur nos têtes. Adoptez Glass-Steagall et la City périra.
>>> Notre tract 1er Mai : Libérons-nous de la tyrannie des banques d’affaires ! Mobilisons-nous pour les générations futures !
[*] Selon la dernière étude triennale publiée en 2010 par la Banque des règlement internationaux. Malgré la crise, le Forex a crû de 20% depuis 2007, soit 700 milliards de dollars par jour en plus. 85% de cette hausse est due au trading haute-fréquence (opérations informatique d’achat-vente jouant sur les variations de cours à la micro-seconde et répétées des milliers de fois par jour) et aux hedge funds opérant depuis les centre financiers offshore. Les banques universelles de la City sont les premiers opérateurs du marché avec 23% cumulé pour Barclays, Royal Bank of Scotland et HSBC, suivies par les banques de Wall Street avec 21% cumulé entre Citigroup, JP Morgan, Goldman Sachs et Morgan Stanley. Individuellement, ce sont la Deutsche Bank (18%) et UBS (11%) qui sont les plus gros joueurs, mais à partir de leurs filiales londoniennes et new-yorkaises.
# petite souris
• 04/05/2011 - 09:07
Vendredi après-midi , alors que le monde entier avait les yeux rivés sur la famille royale britannique, le secrétaire au Trésor américain a discrètement exhibé la soumission des institutions américaines à la City de Londres. Tim Geithner a annoncé que l’administration Obama allait exempter le marché des devises (Forex) de la nouvelle régulation Dodd-Frank sur les chambres de compensation, lui permettant de se maintenir hors-la-loi.
... et un couple de jours après : "l’assassinat de Ben Laden" !!!!
Le scénario est bien écrit !!!
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