8 octobre 2008 (Nouvelle Solidarité) —Si les marchés financiers étaient devenus fous depuis pas mal d’années, nos gouvernements semblent aussi avoir perdu la tête dans leur tentative de renflouer tout le système. Car, à voir les mesures adoptées ces derniers jours pour faire face à la crise financière, on a l’impression que les principales puissances tentent, tels des Atlas portant sur leurs épaules toute la dette du monde, 1) de renflouer toutes les banques au bord de la faillite, 2) de garantir tous les dépôts des citoyens et 3) de se substituer aux Banques centrales et aux grandes banques pour alimenter le marché monétaire mondial dont dépendaient auparavant pour leur liquidités non seulement les banques mais aussi les entreprises ! Et plus nos chefs d’état et de gouvernement promettent, plus la terre tremble sous leurs pieds par la violence de l’onde de choc du krach financier qui se répand à toute vitesse au niveau international.
Ainsi, aux Etats-Unis, les 700 milliards de dollars du Plan Paulson, destinés à racheter les titres toxiques des principales banques sises aux Etats-Unis, qui avaient paru au départ comme une somme gigantesque, n’apparaissent plus que comme un faible barrage emporté immédiatement par le flot de la crise. Face à la chute inarrêtable des bourses, la FED a annoncé qu’elle augmenterait de 300 milliards de dollars la ligne des crédits qu’elle met à la disposition des banques pour faire face au manque de liquidités, atteignant ainsi 900 milliards de dollars en tout d’ici la fin de l’année. De plus, pour inciter les banques à lui confier davantage leurs réserves, la FED, qui pourra ainsi prêter plus d’argent, va désormais les rémunérer pour la première fois de son existence.
Ce type de mesure ayant peu réussi jusqu’ici à rendre les marchés plus liquides, le Trésor américain et la FED ont décidé de créer un fond, auprès de la Banque Fédérale de Reserve de New York, pour racheter les billets de trésorerie à trois mois des entreprises « qu’ils soient ou non garantis par des actifs » !!! Pas d’entreprise ou presque qui n’ait besoin de ces billets de trésorerie – des titres de créances émis par les entreprises sur le marché monétaire – pour pouvoir par exemple, faire le pont entre la livraison d’un travail ou d’un produit et le paiement de la dette. Or, depuis le début de la crise, ne sachant pas qui est contaminé et à quelle hauteur, la défiance vis-à-vis de ce type d’instruments est devenue très grande, provoquant un assèchement de crédit qui menace bon nombre d’entreprises avec la faillite. En septembre, ce marché de 1600 milliards de dollars aux Etats-Unis, a reculé de 185 milliards.
Au-delà, outre le plongeon des bourses asiatiques (-9% pour le Nikkei au Japon) et européennes ce matin, ainsi que la décision coordonnée des banques centrales de baisser les taux d’un demi-point pour tenter d’ y faire face, c’est la nationalisation partielle de 6 voire 8 principales banques anglaises par le gouvernement britannique et la Banque d’Angleterre qui constitue la nouvelle explosive de la journée. On voit avec quelle aisance, les Britanniques qui ont empoisonné le monde entier avec les théories de libre-échange de leur économiste, Adam Smith, sont prompts à faire intervenir l’Etat dès que leurs intérêts sont menacés. Ainsi, ce matin, Alistair Darling, le chancelier de l’Echiquier, a annoncé un plan de renflouement général de 500 milliards de livres sterling ! Avec 50 milliards de livres, reparties en deux tranches de 25 milliards, le gouvernement achètera des actions privilégiées des huit principales banques britanniques : Royal Bank of Scotland, qui a perdu 39% hier, Halifax Bank of Scotland (HBOS) qui a perdu la moitié de sa valeur depuis le weekend dernier, Barclays et Lloyds, qui ont appelé au secours, car certaines doivent rembourser 69 milliards d’euros de dettes d’ici mars 2009, ainsi que de HSBC, de Standard and Chartered, de Abbey, et de Nationwide Building society. Au-delà, au moins 200 milliards des livres seront versées aux banques en échange des instruments toxiques, et 250 milliards de plus pour faire face à des échéances de crédits, à court et à moyen terme !
Nos dirigeants feraient mieux d’étudier la différence entre Hoover qui a renfloué ad nauseam sans réussir, et Roosevelt qui a réussi à tirer le monde de la dépression.
A lire : Le secret de la réorganisation bancaire de Franklin D. Roosevelt.
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