Le passage de l’astéroïde Apophis à 14,5 millions km de la Terre ce 9 janvier 2013 est un événement important, non pas parce que ce mastodonte de 270 mètres de diamètre représente un danger immédiat pour notre planète, mais parce qu’il permettra aux astronomes d’obtenir des observations plus précises et de réduire considérablement la zone d’incertitude concernant son orbite, en prévision d’un passage beaucoup plus près de la surface terrestre en avril 2029, à une distance représentant moins de cinq fois le rayon de la Terre.
Les données qui seront épluchées par les spécialistes dans les mois à venir nous permettront de déterminer si cette visite en 2029 le fera passer par ce qu’on appelle un « trou de serrure gravitationnel ou de résonance », un phénomène lié à l’influence de la Terre et pouvant provoquer un passage encore plus près le 13 avril 2036, peut-être même une collision, même si les probabilités sont pour l’instant extrêmement faibles.
D’après les résultats obtenus à la suite de calculs plus précis, qui nous permettront de déterminer le véritable niveau de dangerosité que représente cet intrus, nous aurons jusqu’en avril 2021 pour faire partir une expédition ayant pour mission de le traquer et d’initier dès juillet 2022, avec un tracteur gravitationnel possédant une masse de l’ordre de 1000 kilogrammes, une opération de remorquage de deux mois pouvant le faire dévier légèrement de son orbite.
Selon un article présenté [1] par le Dr Don Yeomans (responsable du programme des astéroïdes géocroiseurs à la NASA) et ses collègues lors d’une conférence sur la Défense planétaire en 2009, le problème dans ce cas serait qu’il faudrait prendre garde à éviter d’entraîner l’astéroïde dans d’autres trous de serrure gravitationnels secondaires, qui pourraient provoquer son retour encore plus proche lors de cycles ultérieurs, comme en 2040 ou en 2059 par exemple.
La NASA étudie également la possibilité d’arrimer l’objet autour de la Lune en 2024, afin d’exploiter les ressources qu’il recèle.
Quoi qu’il en soit, cette situation montre bien à quel point ce type de danger doit être pris au sérieux, même si les probabilités sont faibles pour les prochaines décennies, du moins en ce qui concerne les objets déjà identifiés et dont nous connaissons la trajectoire. Un très grand nombre d’objets de taille plus modeste reste toutefois à localiser dans les environs de l’orbite terrestre, des objets pouvant provoquer des catastrophes à l’échelle de villes entières.
De plus, d’après certaines études sur des cycles à l’échelle de notre galaxie, la trajectoire suivie par notre système solaire dans la Voie lactée peut nous amener dans un environnement galactique plus turbulent au cours des siècles à venir pouvant provoquer, par ricochet, des événements catastrophiques (dont des collisions avec des astéroïdes et des comètes, encore plus imprévisibles que les premiers), d’où le besoin de nous doter des moyens de détection et de protection nécessaires dès que possible.
C’est dans ce contexte qu’une importante conférence sur une Initiative de défense de la Terre a eu lieu du 3 au 6 septembre 2012, à Eupatoria en Ukraine, une conférence organisée par l’IGMASS (International Global Monitoring Aerospace System).
Un rapport détaillé concernant cette conférence est disponible ici.
[1] disponible ici : http://neo.jpl.nasa.gov/neo/PDC_proceedings_062009.doc
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