Contrairement à ce qu’affirmait – et espérait – la grande majorité des médias occidentaux, les présidents russes et chinois ont assisté le 20 mai, dans le cadre d’une rencontre au sommet entre les deux pays à Shanghai, à la signature d’un accord portant sur la fourniture de gaz russe à la Chine pour les trente prochaines années.
Par cet accord, qui a fait l’objet de négociations depuis presque une décennie, la Russie s’engage à fournir à la Chine 38 milliards de mètres cubes de gaz naturel chaque année. Cette dernière doit construire le segment du gazoduc situé sur son propre territoire, et la Russie sera responsable du développement des gisements, ainsi que de la construction de la partie du gazoduc conduisant jusqu’à la frontière chinoise. L’accord est estimé à 400 milliards de dollars. La Chine a consenti à un paiement anticipé de 25 milliards de dollars, probablement pour aider au financement des infrastructures requises.
Selon les déclarations de Vladimir Poutine à la télévision russe, le gaz qui sera fourni au cours de la première phase du contrat proviendra d’un programme de développement massif, sur une période de quatre ans, des gisements de Kovytka, situés dans la région septentrionale d’Irkoutsk, au nord du lac Baïkal, puis de ceux de Chayanda, dans la République de Iakoutie-Sakha, encore plus décalés dans le nord-est. La Russie compte investir l’équivalent de 55 milliards de dollars dans le projet, tandis que les investissements chinois doivent atteindre au moins 20 milliards, selon Poutine.
Le président russe a fait remarquer qu’il s’agissait là, « sans exagération, du plus grand projet de construction pour les quatre prochaines années dans le monde ». Les gisements sont suffisants pour subvenir aux besoins pour 50 ans, à partir de 2018, et cela inclut les besoins de la Russie, a-t-il précisé.
Cette entente est la plus importante jamais signée par l’industrie gazière russe. Elle répondra non seulement, dans une large mesure, aux besoins de la Chine en énergie, mais fournit à la Russie un débouché idéal au moment où les occidentaux, en particulier la secrétaire-adjointe du département d’État américain Victoria Nuland, s’agitent pour imposer des sanctions « sectorielles » contre la Russie, incluant dans le secteur de l’énergie.
Le président de Gazprom Alexey Miller a déclaré que les pourparlers se poursuivaient pour exporter du gaz vers la Chine à partir de gisements déjà en exploitation à l’ouest de la Sibérie, tandis que Poutine a souligné que la connexion du réseau de gazoducs de l’ouest du pays avec les nouveaux projets en Sibérie orientale accorderait une plus grande flexibilité dans les livraisons sur divers marchés. La quantité de gaz impliquée dans cette nouvelle entente représentera plus du tiers de ce qui est actuellement exporté vers l’Europe. Même si le prix de vente du gaz n’a pas été dévoilé, Poutine a déclaré qu’il avait été calqué sur celui des marchés de gaz et de pétrole pour l’Europe. L’entente permettra également de cimenter les relations entre les deux pays.
Les conséquences stratégiques d’un tel accord n’ont pas échappé à certains médias occidentaux, dont le quotidien américain USA Today, qui a fait remarquer qu’il incarnait « un changement de cap vers l’Est pour l’économie russe, dans le contexte des présentes tensions avec l’occident sur la question ukrainienne ». Il s’agit là, poursuit le quotidien, d’un pas de Poutine « pour réorienter de manière agressive les intérêts commerciaux du pays vers l’Est ».
Un expert de l’académie russe des sciences, Sergei Outkin, est également cité, disant « que ceci illustre bien le fait que la Russie a toujours eu et aura toujours d’autres options pour développer des relations ailleurs. La menace d’isolement venant d’Occident ne sera pas complète. »
# petite souris
• 25/05/2014 - 14:50
l’alliance économique de ces deux pays se concrétise de jour en jour pour la paix par le développement ...........mais pas avec nous !
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# gdfontaines
• 23/05/2014 - 13:17
La question étant de savoir, dans quelle monnaie l’accord a-t-il été conclu, dollar en faillite, troc, or ou rouble ?
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