23 janvier 2010 (Nouvelle Solidarité) — Il n’y a pas que les clandestins qui risquent l’expulsion, la reconduite à la frontière et le charter, il y a aussi les pays membres de l’Union européenne et ceux de la zone euro !
C’est ce qu’on peut lire dans un document de travail juridique de la Banque centrale européenne (BCE) orné du titre évocateur : « Withdrawal and expulsion from the EU and EMU, some reflections ». [Retrait et expulsion de l’UE et de la zone euro, quelques réflexions].
Suite au festival de renflouements sans condition des banques depuis 2007, bon nombre de pays européens dépassent les sacro-saints critères de convergence inscrits dans les traités européens (Maastricht, Nice, Lisbonne).
En termes purement comptables, plusieurs pays, et pas seulement la Grèce, un pays membre de la zone euro, chancellent au bord d’une faillite d’Etat. Si la Grèce tombe, c’est toute la zone euro qui coule. Même Angela Merkel s’est déclaré « préoccupée » pour la discipline budgétaire au sein de l’Union monétaire et craint que « l’euro ne traverse dans les prochaines années une phase très difficile ».
Car quel peuple accepterait, et quel homme politique soucieux de se faire réélire aux prochaines échéances électorales aurait la poigne suffisante pour imposer une cure d’austérité d’une telle brutalité qu’elle enverra les Européens dans un Germinal puissance mille ?
L’on comprend mieux pourquoi arrive soudainement cette folle tentation de « sortir de l’euro » à laquelle la BCE a voulu rétorquer en termes inquisitoriaux. Dans un bric-à-brac explorant les contradictions juridiques des traités européens concernant la sortie éventuelle d’un pays membres de l’Union, les juristes de la BCE s’érigent en gendarmes d’un nouvel ordre légal et pointent un gros pistolet sur la tempe des élèves récalcitrants tentés de faire leurs valises.
Ainsi, affirme le texte, « bien qu’une sortie négociée de l’UE n’est pas légalement impossible (…), un retrait unilatéral serait indiscutablement controversé sur le plan légal », car, lit-on page 16, sortir serait « adhérer à un concept extrême et largement dépassé de souveraineté nationale ».
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Sans craindre la tautologie, la BCE estime que « la clause de sortie » [Article 50 du Traité de Lisbonne] n’est pas, de prime abord, « en harmonie avec la raison d’être du processus d’unification européenne ». C’est même le contraire, car à terme, l’adoption de l’euro est obligatoire pour tous (à part ceux qui ont négocié des clauses spécifiant le contraire).
Et surtout, et c’est là qu’apparaît le gros bâton : « la sortie d’un pays membre de la zone euro (EMU), sans une sortie de l’UE en parallèle, serait légalement inconcevable ».
En clair, le débat de la fin de l’euro est lancé et la BCE tente d’empêcher, par des menaces voilées, l’éclatement de la zone euro. Elle nous dit : si vous retournez à votre devise nationale, vous serez jetés à la porte de l’Union européenne ! Cette expulsion, bien que « légalement inconcevable », voire « presque impossible », « sera peut-être possible en utilisant des moyens indirects » !
Vous avez compris : si tu t’en vas, tu partiras à poil !
Article : le Plan LaRouche pour sauver l’économie mondiale
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