Le dépôt de bilan imminent de New Century Financial, le géant du marché hypothécaire sub-prime (prêts aux familles à ; faible revenu), laisse présager l’effondrement de tout ce secteur. Les banques et courtiers reconnaissent la contagion que pourrait entraîner la faillite de ce spécialiste du crédit immobilier, dont le porte-feuille pèse entre 40 et 70 milliards de dollars et dont les actions ont chuté de 75 % entre le 5 et le 9 mars. New Century a cessé toute opération de prêt et pourrait déposer son bilan à tout moment, si ses créanciers lui refusent de nouveaux financements.
La banque Morgan Stanley s’était certes empressée de lui accorder deux prêts considérables (de près d’un milliard de dollars) pour compenser celui révoqué par un autre créancier. Mais même cette injection n’a pas permis à New Century d’assumer ses obligations. Globalement, le marché sub-prime (réservé aux débiteurs à risque) commence à tarir tandis que les primes de risque attachées à ces titres crèvent tous les plafonds.
Le problème est amplifié par le fait que ces prêts servent de base à toute une masse de titres adossés à des avoirs. En outre, on assiste à un ralentissement du carry-trade, sur lequel reposait en grande partie l’explosion des liquidités de ces dernières années. Les acteurs clés de ces deux secteurs sont les hedge funds, qui ont effectivement avalé de grandes banques internationales, mais opèrent à 80 % à partir des îles Caïman, propriété de la Couronne britannique. On entend déjà parler de nouvelles pertes subies par des hedge funds - et la crise ne fait que commencer.
L’« équipe de protection contre les plongeons » (officiellement baptisée Commission présidentielle des Marchés financiers) a récemment recommandé de laisser l’« industrie » des fonds de placement se réguler elle-même. Cette prise de position dénote une telle irresponsabilité que certains élus fédéraux veulent en savoir plus sur ces vautours du système financier mondial. Dans son webcast du 7 mars, Lyndon LaRouche a fait remarquer que les mesures proposées sont tout à fait inadéquates car, à ce stade de la crise, il ne faut pas se contenter de réguler les hedge funds, mais les abolir purement et simplement. Elles indiquent néanmoins une évolution intéressante.
Le sénateur républicain Charles Grassley va déposer une proposition de loi prévoyant le renforcement de la surveillance des hedge funds, ainsi que des inspections routinières. Selon le Washington Post, ce texte, qui reprend certaines règles rejetées l’année dernière par une Cour fédérale, « obligerait les fonds gérant plus de 50 millions de dollars et ayant plus de 15 investisseurs à se déclarer conseillers en investissements auprès de la SEC » (commission des opérations de Bourse).
Par ailleurs, la commission des Services financiers de la Chambre, présidée par Barney Frank, a annoncé l’ouverture, à partir du 13 mars, d’auditions sur les hedge funds et les pools d’investissement. Selon le communiqué de presse de la Commission, celle-ci cherche des réponses à neuf questions :
- quel volume représente l’utilisation de ces fonds aux Etats-Unis et sur les marchés mondiaux ?
- les investisseurs dans ces fonds (en particulier les fonds de pension) sont-ils suffisamment informés pour protéger les intérêts de leurs membres ?
- les stratégies d’investissement de ces fonds sont-elles suffisamment transparentes vis-à-vis des investisseurs ?
- l’accroissement du nombre et de la taille des fonds a-t-il eu un effet sur les normes de crédit et de risque pour les investisseurs et prêteurs sur certains marchés, notamment le marché hypothécaire ?
- les recommandations de la Commission présidentielle sont-elles suffisantes pour ce qui est de la gestion des risques et de la surveillance régulatoire des hedge funds ?
- quelles sont les différentes perspectives internationales de régulation des hedge funds ?
- quels risques systémiques peut poser le recours accru à l’effet de levier et au crédit ?
- dans quelle mesure l’accroissement des liquidités disponibles a-t-il amélioré l’efficacité des marchés de capitaux domestiques ?
- quel est l’impact sur l’économie dans les endroits où des hedge funds ont consenti d’importants investissements ?
Au cours du webcast de Lyndon LaRouche, le 7 mars, un collaborateur du Projet Hamilton a évoqué la nouvelle proposition de loi sur la transparence financière, envisagée au Sénat, qui imposerait aux hedge funds les mêmes règles et régulations que celles applicables à d’autres institutions financières et d’échange. Estimant que « cela ne résoudrait pas tous nos problèmes, mais une telle mesure nous apporterait une somme tout à fait considérable de recettes fiscales, ce qui est très important en raison du déficit fédéral actuel », il demanda à LaRouche ce qu’il en pensait.
Sa réponse fut sans équivoque : « C’est fini, nous n’avons plus le temps. Bien sûr, je soutenais de telles mesures dans le passé, mais maintenant c’est trop tard. Le train a quitté la gare ! Le système s’effondre. La seule mesure rationnelle est d’interdire ce genre de pratique. (...) En ce moment, cela aussi aurait des effets catastrophiques, parce que tout le système financier dépend de cette escroquerie. Regardez la phase deux de ma "fonction de triple courbe". Nous sommes à bord d’une fusée hyperinflationniste incontrôlée, il faut essayer de la faire redescendre, mais pour atterrir où, et comment ? »
Pour LaRouche, la seule option est de « déclarer cette activité illégale et de la confisquer ». Ces fonds « prennent des entreprises tout à fait légitimes, créées par des personnes responsables, ils s’attaquent à elles, s’en emparent grâce à l’effet de levier, sans réellement débourser un centime, ils les saignent à blanc (...) puis repartent vers la prochaine conquête, laissant derrière eux des épaves. Vous voulez imposer une taxe à ces fonds ? Mieux vaut les fermer ! On n’aurait jamais dû leur permettre d’exister. Un système qui tolère ce genre de pratique n’est pas équitable. »
Reprenant le terme utilisé par le vice-chancelier Franz Müntefering, LaRouche a qualifié ces fonds de « sauterelles ». « C’est comme si quelqu’un arrivait chez vous, volait toute votre fortune, puis vous disait : "Maintenant, vous me devez aussi les coûts de réparation de la maison". »
En réponse à une question posée par deux députés démocrates, élus pour la première fois au Congrès, LaRouche a rappelé que le système financier et économique est au bout du rouleau. L’un des symptômes les plus dangereux est le marché hypothécaire sub-prime, c’est-à-dire à risque. Lorsque le marché normal des hypothèques a commencé à se tarir, on a créé un nouveau marché spéculatif, basé sur les crédits hypothécaires accordés à des personnes financièrement instables, à très hauts taux d’intérêt.
Etant donné le pourcentage du passif des banques reposant sur ce type d’hypothèques, dit LaRouche, « directement ou indirectement, tout le système bancaire américain est sur le point d’exploser. En Allemagne, en France, en Italie, en Europe de l’Est, la situation est similaire. C’est la faillite totale ! »