Le Mexique est au bord de l’abîme et pourrait devenir un narco-Etat dans les dix ans à venir.
Général Barry McCaffrey
La situation dramatique dans laquelle se trouve le Mexique n’est pas une tragédie lointaine. La communauté internationale doit considérer le Mexique, tout comme l’Afghanistan d’ailleurs, comme le champ de bataille décisif sur lequel se gagnera ou non la guerre à la drogue.
Contrairement aux a priori de la philosophie libérale largement répandue de par chez nous, la drogue n’est pas une simple question de société qui se limiterait à un débat sur la liberté ou l’interdiction d’en consommer. Derrière le produit fini il y a un trafic, des trafiquants et une puissance financière dont les intérêts sont directement antagonistes de ceux des Etats et des Républiques.
Le trafic de drogue, une menace existentielle
Depuis le paysan pauvre du tiers-monde contraint de cultiver l’opium, la marijuana ou la coca, jusqu’à l’adolescent consommateur qui ne voit pas d’autre alternative à une société sans avenir ni vision que de se droguer, en passant par le petit trafiquant qui a le choix entre pauvreté, exclusion et trafic, la drogue est avant tout un fléau social aux conséquences humaines dévastatrices.
Les cartels de la drogue, dont les revenus annuels mondiaux estimés entre 500 et 1000 milliards de dollars sont entièrement intégrés au système financier international par le biais de la finance off-shore et de la dérégulation bancaire, représentent une puissance financière qui alimente non seulement la corruption des institutions politiques et de sécurité publiques, mais aussi le crime organisé, les guérillas et les nébuleuses terroristes.
Cette force armée et financière, qui va bien au-delà des cartels eux-mêmes, est une menace pour l’existence même des nations et de la vie civilisée, comme le régime nazi a pu l’être, sous une forme différente, en son temps.
Le cas du Mexique révèle que la guerre a déjà commencé.
La terreur règne
« Dans les huit prochaines années, la guerre violente des cartels de la drogue pourrait submerger les institutions de l’Etat et établir un contrôle de fait sur tout le nord du Mexique ». C’est ce qu’écrit le général Barry McCaffrey, ancien chef de la lutte anti-drogue sous la présidence de Bill Clinton, dans un rapport remis en décembre 2008 à l’Académie militaire de West Point. [1]
En 2008, la guerre des cartels mexicains a fait plus de 4000 morts, dont plus de 500 policiers et militaires dont les corps décapités sont fréquemment exposés sur les places publiques pour dissuader la population de résister. Le 5 novembre dernier, le ministre de l’Intérieur, Juan Camilo Mourino, et l’ancien procureur général en charge de la lutte anti-drogue, Jose Luis Santiago Vasconcelos, deux hommes clés dans la contre-offensive lancée par le président Calderon, ont été tués dans l’explosion « accidentelle » de leur avion. Plus de 6000 personnes (selon les déclarations faites à la police) ont été kidnappées ces douze derniers mois. La terreur règne.
Annuellement, les cartels mexicains produisent quelque 10 000 tonnes de marijuana pour un revenu excédant les 25 milliards de dollars. De quoi constituer de véritables armées.
A l’exception de l’armée et des divisions spéciales de la police fédérale, les forces de l’ordre mexicaines sont sous-équipées pour faire face aux cartels. Le général McCaffrey explique dans son rapport que les saisies d’armes « sont au niveau de ce que l’on saisirait en temps de guerre ». Les cartels disposent des équipements les plus modernes : jumelles de vision nocturne, intercepteurs électroniques, appareils de cryptage, sous-marins, hélicoptères, avions, lance-roquettes, roquettes anti-char, mines, mitrailleuses lourdes, fusils de sniper, grenades et lance-grenades lourds. Et chaque jour, ce sont 2000 armes de contrebande qui entrent au Mexique depuis les Etats-Unis.
Ce climat de terreur combiné à la puissance financière des cartels permet de corrompre de nombreux officiels, au niveau local comme national. Récemment, six haut fonctionnaires de la Justice et le directeur local d’Interpol ont été inculpés.
Le lobby international de la drogue
A peine la guerre à la drogue évoquée par l’appel de Barry McCaffrey, les principales têtes mexicaines du lobby international de la légalisation, financé par le « spéculateur-philanthrope » (sic) George Soros, ont contre-attaqué.
Dans une interview à Frontera di Tijuana, Ruben Aguilar, porte-parole de l’ancien Président Vicente Fox, a appelé le gouvernement à cesser de se battre et à passer des accords secrets avec les cartels (respect de leurs voies d’acheminement, de leurs marchés, de leurs zones d’influence) pour obtenir la paix.
Mais apparemment, les autorités ne semblent pas prêtes à céder à ce chantage, puisque le président Calderon s’est vivement insurgé contre le principe d’une négociation avec des organisations criminelles qu’il a qualifiées d’« ennemis du Mexique ». Et pour le député Jorge Manuel del Rio Virgen, président de la Commission judiciaire, cette proposition « est plus qu’une simple façon de gouvernement, c’est un crime », demandant au procureur général qu’une enquête soit immédiatement ouverte pour savoir si Fox et Aguilar ont eu recours à de telles négociations.
Dès la publication de son rapport, Barry McCaffrey, qui avait dénoncé nommément Soros lorsqu’il était en poste sous Clinton, a été immédiatement attaqué par Jorge Castaneda, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Fox et actuel membre du conseil d’administration de l’ONG Human Right Watch de Soros. Castaneda a hérité de ce poste en 2003, après avoir organisé une conférence sur la légalisation dans son ministère, en présence d’un des principaux hommes de main de Soros dans la lutte pour la légalisation, le président du Drug Policy Alliance, Ethan Nadelmann. Dans sa tribune publiée le 7 janvier par le quotidien mexicain Reforma, Castaneda émet des soupçons sur les motivations de McCaffrey et sur son rapport, « pas nécessairement vrai » (!)
L’appel de McCaffrey et de LaRouche
Dans son rapport, qui fait grand bruit dans les institutions à Washington, McCaffrey appelle la nouvelle administration américaine à engager tous les moyens nécessaires dans cette guerre à la drogue, dans un partenariat « d’égal à égal » avec le Mexique.
C’est une question de « sécurité nationale » pour les Etats-Unis, destination finale de la drogue mexicaine, de ne pas laisser son voisin à l’abandon. McCaffrey critique George Bush et son administration pour ne pas avoir prêté attention à la situation mexicaine, trop occupés par leurs guerres préventives sur d’autres continents.
L’administration Bush-Cheney porte une part de responsabilité dans ce qui arrive au Mexique : son initiative Merida pour la coopération sur la sécurité s’est limitée à 400 millions de dollars et elle a constamment diminué le budget du National Drug Intelligence Center (NDIC), l’agence anti-drogue du département de la Justice. Dans son rapport de décembre 2008, le NDIC révélait que les cartels mexicains étaient directement présents dans 230 villes des Etats-Unis !
Il est donc dans l’intérêt des Etats-Unis de se battre pour l’intérêt du Mexique. Et les autorités mexicaines, qui n’ont pas abandonné le combat contre les cartels, attendent des Etats-Unis qu’ils fassent cesser la contrebande d’armes qui fournit aux cartels 90% de leurs armes de guerre.
« Qu’on le veuille ou non, nous allons devoir nous battre contre la drogue », a prévenu Lyndon LaRouche le 15 janvier, mais ça ne marchera pas si nous ne le faisons pas à travers le développement économique » En effet, ruiné par les accords de libre-échange nord-américain, le Mexique est frappé de plein fouet par la crise alimentaire. Seul un quart des terres arables mexicaines sont irriguées et le nord du pays souffre d’un grave déficit en eau alors que le sud est régulièrement victime d’inondations mais ne dispose pas, lui, de grands espaces cultivables.
Le Comité d’action politique de LaRouche (LPAC) et le LaRouche Youth Movement (LYM) au Mexique, qui promeuvent des deux côtés de la frontière une politique d’éradication de la production de drogue grâce aux technologies spatiales et militaires, sont pleinement engagés à faire du PLHINO mexicain (Plan hydraulique nord-ouest), que de plus en plus d’élus locaux appellent de leurs vœux, et du projet NAWAPA nord-américain (Alliance nord-américaine pour l’eau et l’énergie), [2], l’entreprise commune de leurs deux pays pour relancer une dynamique de développement physique de l’économie, dans le long terme, assurant que les Mexicains puissent vivre de leur travail, dans leur pays, avec les meilleures technologies existantes et en toute sécurité.
Le NAWAPA est un ensemble de barrages, canaux, tunnels et pompes, permettant d’acheminer les gigantesques ressources en eau douce d’Alaska et du grand nord canadien vers les Etats arides de l’ouest américain et jusqu’au nord du Mexique. Le PLHINO, ainsi que le PLHIGON, captent l’eau des montagnes de l’ouest et du sud mexicain pour l’acheminer vers les régions arables du Nord. |
[1] disponible en anglais sur www.mccaffreyassociates.com/pdfs/Mexico_AAR_-_December_2008.pdf
[2] voir le documentaire sur le site du LaRouche PAC (en anglais) http://www.larouchepac.com/node/9257
# Victor
• 27/01/2009 - 22:15
Le probleme de la drogue est une question d’argent.
Il faut priver des narcotraficants l’argent.
La lutte antidrogue va echouer de la meme facon qui avait echoue la lutte contre l’alcool aux Etats Unis avec son interdiction.
La Suisse, il y a un mois, a permis aux drogues de prendre leur dose a l’Hopital gratuitement.
Voila la solution.
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