19 mars 2009 (LPAC) — Dans une tribune au quotidien italien Corriere della Sera, le ministre de l’Economie et des Finances italien, Giulio Tremonti, tente de redéfinir les fondements d’une articulation harmonieuse entre l’Etat, la société et les marchés.
Précisant que le centre de la finance mondiale s’est déplacé récemment de Manhattan, New York, vers Washington, où siège le Congrès des Etats-Unis – puisque c’est l’Etat américain qui a pris le relais – Tremonti rappelle que depuis le début de la crise, pas moins de 400 institutions financières ont été renflouées, c’est-à-dire une moyenne d’environ cinq par semaine, ou une par jour ouvré !
Cette prise de contrôle par l’Etat ne se limite pas aux banques, constate-t-il, puisque les compagnies d’assurances, certains grands groupes industriels de l’automobile, et bientôt les loyers d’un grand nombre d’Américains seront pris en charge par l’Etat. Ailleurs dans le monde, on ne fait rien de très différent, certainement pas en Europe, où 33 banques ont été sauvées par l’intervention publique.
« Tout cela arrive, non pas parce que l’Etat triomphe, mais parce que le marché échoue. Ou plus précisément, parce que les deux ont échoué… (…) Le marché, parce qu’il y en avait trop, l’Etat parce qu’il n’y en avait pas assez. Alors, pourquoi cet échec ? Avec la mondialisation, le pouvoir des marchés s’est accru, se présentant même comme une nouvelle religion terrestre réduisant d’autant le pouvoir de l’Etat.Ce recul de la présence de l’Etat l’a conduit à renoncer à sa tâche régalienne d’émettre de l’argent ».
« A l’heure de la mondialisation, en réalité, même les banques privées furent autorisées à émettre de l’argent et donc émettaient leur argent, un argent supplémentaire qui prenait la forme d’instruments financiers les plus incroyables. Un argent basé sur la dette, et donc imprimé sur la base de rien. Ainsi, le ‘mauvais argent’ a progressivement remplacé le ‘bon’. C’est dans l’implosion de ce ‘mauvais argent’ qu’il faut chercher les causes de la crise. »
En réaction, nous voyons partout un retour de l’Etat, crise oblige. Alors, est-ce excessif ? Tout d’abord, avance Tremonti, « en terme constitutionnel et fondamental », le débat est mal posé. Il ne s’agit pas d’une alternative binaire entre l’Etat et le marché, mais « à l’intérieur d’un Etat de droit, entre le marché et la société ».
Ce qui est dramatique, dit-il pour conclure, c’est que « le balancier n’a pas oscillé à l’intérieur de ce cadre, mais en dehors du cadre de la loi. Ce qu’il reste donc à faire aujourd’hui, c’est de le ramener à l’intérieur de ce cadre, car aucune alternative n’existe hors de l’Etat de droit ».
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