11 mars 2008 (Nouvelle Solidarité) - Dans un nouveau livre qui polarise déjà le débat électoral en Italie, Giulio Tremonti, pressenti pour devenir le nouveau ministre des Finances en cas de victoire du bloc conservateur lors des élections des 13-14 avril, appelle à un « nouvel accord de Bretton Woods entre grands pays » pour remplacer le système de mondialisation aujourd’hui en échec.
L’effondrement de ce système est un thème majeur de son livre intitulé « Crainte et espoir ». Dans le dernier chapitre, l’actuel vice-président de la Chambre des députés présente un « catalogue d’hypothèses » dans lequel les lecteurs connaissant les propositions de LaRouche reconnaîtront l’influence de ses idées. Giulio Tremonti écrit : « La proposition de nouveau Bretton Woods, ce grand accord qui, en 1944, jeta les bases sur lesquelles le monde se développa dans l’après-guerre. Le nouveau Bretton Woods doit aller au-delà des relations monétaires, pour englober la protection de l’environnement, des clauses sociales, le rôle du contrôle sur les marchés financiers et l’impulsion que les gouvernements, séparément ou ensemble, peuvent et doivent donner à l’économie. »
Le 6 mars, Tremonti a présenté son livre lors d’une émission politique populaire, Annozero, sur la chaîne nationale Raidue et a appelé à un nouveau Bretton Woods (voir ici). Il a également expliqué que « dans nos universités, nos journaux politiques, des fous nous disent que "nous avons besoin de davantage de com-pé-ti-ti-vi-té". La compétitivité, la vélocité, la violence des processus. (...) On ne pense pas à un monde de rêve, mais peut-être à un monde comme il était, moins forcé, moins fanatisé par le dogme du marché. La peur ressentie par les personnes âgées qui vont au supermarché mais n’ont pas d’argent pour faire les courses. Nous vivons dans un monde à l’envers : dans un monde dans lequel le superflu coûte moins que le nécessaire. Tu peux aller à Londres avec 20 dollars, mais tu ne peux pas faire les courses au supermarché pour 20 euros. Voilà le problème. »
Désormais, le débat national est lancé. Des libéraux convaincus, comme l’économiste Francesco Giavazzi, reconnaissent qu’on ne peut écarter d’un revers de la main les idées de Tremonti, puisqu’il risque de devenir le prochain ministre des Finances. Dans un éditorial du Corriere della Sera (8 mars), Giavazzi note qu’il peut compter sur le soutien de factions dans tous les partis politiques et les syndicats. Un autre porte-parole des libéraux, Alberto Mingardi, a regretté dans Il Riformista que Tremonti prône un « conservatisme social » inspiré du modèle incarné en Europe par Charles de Gaulle.