19 septembre 2008 (Nouvelle Solidarité) – Dans une interview au Corriere della Sera, le ministre italien de l’Economie Giulio Tremonti a réitéré l’ambition italienne de proposer dès janvier, lorsqu’elle prendra la tête du G8, un « Nouveau Bretton Woods ». Il s’est aussi exprimé sur les principes nécessaires à une relance de l’économie réelle et sur l’irréversibilité de l’effondrement du système financier. Seul bémol, mais on lui pardonnera, il parle de « politiques keynésiennes » [*] lorsqu’il parle de relance par les grands travaux.
« Nous sommes face à une ‘maladie’, c’est évident. Il ne s’agit pas de la faillite d’une banque mais de tout le système. Jusqu’à ces derniers jours, peu de gens osaient reconnaître l’intensité et la nature dramatique de la crise. Si vous déniez l’existence de la maladie, vous ne pouvez pas trouver de remède. La racine de cette maladie est le découplage entre la finance et la régulation (…) la finance s’est progressivement découplée des juridictions nationales d’origine. La régulation est restée à un niveau local tandis que la finance est devenue internationale, créant son propre domaine fait d’anarchie et d’opacité. » Puis il explique que les régulateurs ont été les « complices » des spéculateurs et que l’effondrement du système est inscrit dans le système lui-même. « Dans une pyramide, il suffit d’un seul défaut de paiement, même mineur, pour déclencher un mécanisme informatisé exponentiel de défauts. »
« Depuis que le monde est monde, la réglementation ne se fait pas de bas en haut mais de haut en bas. Ce sont les gouvernements qui décident des régulations, pas les régulateurs. » Tremonti explique ensuite les objectifs d’une bonne régulation publique, « interdisant les contrats spéculatifs, les paradis fiscaux, les instruments atypiques et les bilans opaques. »
Et « lorsque la présidence italienne du G8 débutera en janvier prochain, nous proposerons non seulement un Nouveau Bretton Woods (…) mais aussi un catalogue de règles afin de bâtir un nouvel environnement légal et moral plus rigoureux », a-t-il dit, avant d’expliquer que réguler ne suffit pas. « En Europe, comme on l’a vu au sommet de Nice, l’idée selon laquelle on sort de la crise par dessus tout grâce à de vastes investissements publics, fait son chemin (…) Une fois la moralité rétablie, les industries reviennent et la moralité du travail avec ; et cette moralité est plus présente dans un produit manufacturé que dans un produit financier. La finance est un moyen, pas une fin en soi, la richesse n’est pas produite par un jeu de dettes, mais par le travail. »
[*] voir le commentaire de LaRouche « John Maynard Keynes, un colonialiste anti-rooseveltien ».