L’enquête sur les attentats du 7 juillet à Londres et sur les tentatives du 21 juillet semble passablement chaotique, et la couverture dans les médias est à la fois confuse et contradictoire. Pour mieux analyser la prétendue « menace islamique » en Grande-Bretagne, il est utile de considérer quelques parallèles avec des opérations terroristes montées dans le passé dans le cadre de la « stratégie de tension ».
Les autorités britanniques disent pouvoir tirer d’importants éléments de preuve de la série d’attentats ratés du 21 juillet, en examinant les quatre bombes déposées à divers endroits dans le métro de Londres par quatre personnes, et dont aucune n’a explosé.
Ceci fait penser au cas le plus spectaculaire de la stratégie de tension en Italie, il y a des années. Le 13 janvier 1981, dans un sac laissé dans un train, la police italienne trouva le même type d’explosif que celui utilisé environ six mois plus tôt dans l’attentat de la gare de Bologne qui avait fait 80 morts. On trouva également des pistolets, munitions, journaux et tickets d’avion qui indiquaient qu’il s’agissait de terroristes français et allemands. Le chef du renseignement militaire italien, SISMI, le général Giuseppe Santovito, déclara que, d’après les éléments de preuves en sa possession, les engins devaient exploser et que « des terroristes français et allemands » avaient l’intention de mettre la responsabilité de l’attentat sur le dos des néofascistes italiens.
Quatre an plus tard, on devait apprendre que le sac avait été déposé dans le train par deux officiers du SISMI, le général Pietro Musumeci et le colonel Pietro Belmonte, sur ordre de Santovito lui-même et de Francesco Pazienza. Tous quatre étaient membres de la loge ultra-secrète P2, proche de l’opération Gladio de l’OTAN.
A peine dix jours après les attentats meurtriers de Londres, le Royal Institute for International Affairs (RIIA, dit Chatham House) a publié un rapport intitulé Sécurité, Terrorisme et le Royaume Uni. Pour les auteurs, il ne fait « aucun doute » que la guerre d’Irak et le soutien du gouvernement britannique à la politique américaine en Irak ont sérieusement affaibli les capacités du renseignement britannique et augmenté le risque terroriste en Grande-Bretagne. Il s’agit donc d’une attaque directe contre Tony Blair de la part du principal thinktank de l’Establishment outre-Manche.
Le rapport a été rédigé par deux professeurs connus pour leur sérieux, Frank Gregory de l’Université de Southhampton et Paul Wilkinson de Saint Andrews. Pour eux, « un grave problème de la politique anti-terroriste du gouvernement est posé par le fait que c’est Washington qui décide et Londres qui suit. Il ne fait pas de doute que la situation autour de l’Irak a créé des difficultés particulières pour le Royaume Uni et pour toute la coalition contre le terrorisme. Etre sur le siège arrière, derrière un allié puissant, s’est avéré coûteux en termes de vies de soldats britanniques et américains, de civils irakiens, de dépenses militaires et de dégâts infligés à la campagne de lutte contre le terrorisme. »