15 mars, 2008 (LPAC) — « Toutes les stratégies adoptées par les différents gouvernements israéliens depuis les années 1990 pour établir la paix avec la sécurité ont été un échec, » a déclaré l’ancien ministre des Affaires étrangères israélien, Shlomo Ben Ami, le 13 mars à Washington. « C’est pourquoi Israël doit tenter aujourd’hui ce qu’il a jusqu’ici refusé d’envisager. »
Ancien membre de la Knesset et ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’Ehud Barak entre 2000 et 2001, Ben Ami est allé plus loin dans ses remarques à la Fondation nouvelle Amérique. Au risque de révolter l’administration Bush/Cheney et l’ultra droite israélienne, il a énuméré trois éléments sans lesquels toute paix serait, d’après lui, impossible :
- D’abord, des négociations doivent s’engager avec la Syrie. « Il est impossible d’aboutir à un accord avec les Palestiniens en écartant totalement la Syrie, » a-t-il dit en raison de l’influence que ce pays exerce sur les Palestiniens.
- Deuxièmement, aucun accord n’est possible si l’on exclut Hamas, pour la simple raison que depuis les élections de 2006, Hamas « représente la majorité démocratiquement élue des Palestiniens ».
- Troisièmement, bien qu’Abbas ait la légitimité d’un président élu des Palestiniens, « la légitimité révolutionnaire incarnée par Marwan Barghouti, » actuellement emprisonné, « ou par les responsables des milices, est peut-être plus importante que la légitimité démocratique d’Abou Mazen pour aboutir à un accord, » a déclaré Ben Ami.
Abou Mazen « aura besoin de Barghouti et aura besoin de coopter Hamas, s’il veut un accord légitime. Ceci ne pourra avoir lieu que si l’on permet aux Palestiniens de faire face eux-mêmes à leurs propres divisions, ce qui veut dire que l’on doit permettre à Abbas de négocier un cessez le feu avec Hamas ».
Pour Ben Ami, le processus d’Annapolis a été une « fenêtre d’opportunité » pour la paix, mais il a averti que la solution de deux Etats est en train de perdre sa popularité parmi les Palestiniens. « Ils ont emprunté ce processus depuis 1993 sans aucun résultat », a-t-il dit. « On leur a beaucoup promis sur le futur, sur la solution à deux Etats, qui ne s’est pas, cependant, matérialisée. Ils ont perdu confiance. »