Le 2 janvier 2007 (LPAC) - Le 21 décembre, le « Governator » de Californie a annoncé son intention de déclarer, le 10 janvier 2008, un « état d’urgence fiscal », précisant que son gouvernement prépare des « coupes sombres » dans le budget. Délaissant son habituel optimisme de façade, il a qualifié de « très sombre » la situation. Le déficit budgétaire pour l’année fiscale 2008-2009 est estimé à 14,5 milliards de dollars, alors que le trou pour 2007-2008 devrait atteindre 2,3 milliards de dollars. Les bureaucrates préparent déjà un plan prévoyant au moins 10 % de réduction de tous les postes budgétaires, les plus durement frappés étant l’éducation, la santé publique, les services sociaux et le système carcéral.
Le 8 janvier, Schwarzenegger doit prononcer son discours sur l’état de l’Etat, dont la privatisation de l’infrastructure sera un élément clé. C’est un des projets préférés des maîtres fascistes du gouverneur, dont Felix Rohatyn et George Shultz, remontant à leur rôle dans la mise au pouvoir du dictateur fasciste Augusto Pinochet au Chili en 1973. Aujourd’hui, Schwarzenegger propose d’avoir largement recours à la Performance Based Infrastructure (PBI - infrastructure basée sur les résultats), autre nom donné aux partenariats publics-privés. Il va demander à la législature californienne d’approuver le pouvoir qu’il s’est arrogé d’« augmenter les types de projets, de services et d’entités gouvernementales autorisés à entrer dans une PBI. Autrement dit, les fonctions gouvernementales restant sous le contrôle des élus seront réduites à la portion congrue.
Rappelons qu’en mars 2006, un Rohatyn furieux avait répondu à des militants du LPAC : « Nous n’allons pas faire ce que Franklin Roosevelt a fait. » C’était à l’occasion d’une conférence de presse de la Commission on Public Infrastructure, dont il est co-président.
Commentant la décision d’Arnold Schwarzenegger, motivée par l’explosion du déficit budgétaire, Lyndon LaRouche fit remarquer que, vu la place et l’importance de l’économie californienne dans l’ensemble du pays, le fait d’y déclarer l’état d’urgence revient à le faire pour tous les Etats-Unis.
LaRouche a lancé un défi aux républicains : vont-ils soutenir Schwarzenegger ou le dénoncer comme terroriste ? Car si Schwarzenegger met en oeuvre cette mesure, ce sera l’aveu que la présidence Bush a été un échec catastrophique, du début à la fin. En effet, cette présidence a eu un effet terrible sur l’économie américaine et sur les conditions de vie de la grande majorité des Américains.
En témoigne l’apparition de la première « ville tente » pour sans-abris à Ontario, en Californie, à l’est de Los Angeles. De 20 personnes en juillet, ce village de toile compte actuellement 200 habitants, dont beaucoup d’enfants, victimes de la crise des saisies. Ontario est située dans le comté de San Bernardino, où un logement sur 43 fait l’objet d’une saisie-éviction. En outre, au cours du mois de novembre, les ventes de logements, nouveaux et anciens, dans le comté et aux alentours, ont chuté de 42,7 % par rapport à novembre 2006.
On a déjà baptisé ces communautés de tentes « Bushvilles », dans la tradition des « Hoovervilles » qui pullulaient lors de la Grande dépression, à l’époque du président Hoover (1929-1932). Il s’agissait à l’époque de bidonvilles pour reloger ceux ayant perdu leur logement. Avec l’arrivée de Franklin Roosevelt à la Maison Blanche, en mars 1933, le gouvernement fédéral intervint pour aider les gens et défendre le bien-être général.
La chute dramatique des recettes fiscales est le résultat du démantèlement de l’économie agricole et industrielle californienne, autrefois si prospère, des centaines de milliers d’emplois industriels ayant été supprimés ces 20 dernières années et remplacés par des emplois mal payés dans les services, le tourisme et l’industrie du divertissement. Alors que les législateurs sont pris dans le faux débat coupes budgétaires ou hausses d’impôts, les perspectives de solution semblent faibles, à moins de trouver le courage de briser le contrôle sur la vie politique exercé par les George Shultz et autres Felix Rohatyn.