12 septembre 2007 (Nouvelle Solidarité) - Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se sont rencontrés le 10 septembre lors du sommet informel franco-allemand qui s’est tenu au château de Meseburg près de Berlin. Il s’agissait de coordonner l’action face à la crise des marchés financiers, la politique industrielle et énergétique ainsi que d’élaborer une politique pour des pratiques commerciales plus justes. S’il est louable que les deux chefs d’état se rencontrent pour arrêter une stratégie commune sur des enjeux aussi vitaux, l’incompétence -ou faut-il dire l’incompréhension-économique se décline par des mesures qui sont à mille lieux de la réalité.
Dans le communiqué final, les deux chefs d’état ont appelé l’Europe à former un « front unique ». Sarkozy a déployé sa rhétorique musclée appelant de ses vœux une « moralisation du capitalisme financier » insistant sur la nécessité « de protéger nos industries des prédateurs (...) qui se payent sur la bête » et détruisent les emplois. « Je suis pour l’économie de marché, je suis pour la mondialisation, je ne suis pas pour une économie de la spéculation. »
« On ne peut plus laisser quelques dizaines de spéculateurs mettre par terre tout un système international, emprunter dans n’importe quelles conditions, acheter à n’importe quel prix, ne pas savoir qui prête », a affirmé M. Sarkozy. « Nous voulons un capitalisme pour les entrepreneurs et non pas pour les spéculateurs » car « Nous voulons de la transparence, de la régulation, nous voulons un capitalisme pour les entrepreneurs pas pour les spéculateurs »
Sarkozy précise qu’il est hors de question de faire du « protectionnisme » mais qu’il faut exiger la réciprocité des autres puissances économiques. « Quand je regarde la situation dans certains pays, les Etats-Unis, la Chine, je pense que nous n’avons pas beaucoup de leçons de liberté ou de libéralisme à recevoir », a-t-il lancé.
Angela Merkel, peut-être encore plus que Sarkozy, dans l’illusion que le système actuel puisse perdurer éternellement et qu’il suffit de faire appel à la moralité et au sens de réalisme des renards pour qu’ils cessent certains excès dans le poulailler, a dit qu’elle n’aimait pas trop le mot « régulation » .
Pour elle, « La transparence des marchés financiers, leur règlement et leur supervision constituent des éléments essentiels si nous voulons éviter des corrections excessives... ». Pour la chancelière allemande, ce n’est « pas une affaire de régulation économique », mais d’une « plus grande transparence des marchés financiers ». Parmi les mesures annoncées : un « code de conduite » pour les hedge funds - qui sont prié de l’adopter sur une base volontaire ! - et une enquête sur le rôle des agences de notation. Régulation, un peu, réglementation surtout pas, fut le credo. Car tous les économistes « sérieux » le disent : trop de régulation tue la « liquidité » du système financier actuel...
Le calendrier fixé par les deux chefs d’état pour passer aux actes est également digne d’une œuvre surréaliste : large discussion au sommet des chefs d’état de l’Union Européenne en Octobre 2007, permettant une décision au sommet européen du printemps 2008. On a donc le temps de contempler Rome en flammes !
Ce qui est sur, c’est qu’à force de transparence, à part les effets d’annonce, le vrai courage politique demeure parfaitement invisible.
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