Le jeudi 16 août, bien que tardivement, Nicolas Sarkozy est enfin sorti de son mutisme sur le krach financier en cours
17 août 2007 (Nouvelle Solidarité) - Le jeudi 16 août, bien que tardivement, Nicolas Sarkozy est enfin sorti de son mutisme sur le krach financier en cours. Notons qu’il est le seul chef d’Etat en exercice à avoir réagi, à cette situation. Malgré l’ampleur de la crise - sans doute la plus grave depuis celle de 1929 - aucun autre chef d’Etat n’a eu la présence d’esprit de faire de même, craignant de provoquer le courroux des banquiers centraux et d’aggraver la panique sur les marchés financiers. Mais Nicolas Sarkozy a-t-il un plan qui s’approcherai du nouveau Bretton Woods que certains savent avoir été posé sur la table par Jacques Cheminade lors de la pré-campagne présidentielle de 2007, ou alors est-ce une énième prise de position pour paraître le moins mauvais de la classe ?
La lecture de sa lettre à Angela Merkel sur le sujet, montre clairement qu’il ne comprend pas l’ampleur du phénomène que nous sommes en train de vivre, le fait que la gangrène spéculative a gagné tout le corps économique et menace de plonger le monde dans un nouveau moyen-âge. En effet, M. Sarkozy déclare surtout vouloir établir une plus grande transparence dans ces marchés devenus totalement opaques, mais il met tout de suite en garde contre un excès de régulation : « Naturellement, les axes de progrès que j’esquisse ainsi ne doivent pas nous conduire à instaurer des mesures qui seraient de nature à rigidifier le financement de nos économies et à brider la croissance mondiale. »
Cependant, le ton de ses remarques adressées à quelques journalistes qui le suivaient à Wolfeboro, rapportées par l’AFP, est déjà plus dirigiste. « Il faut qu’il y ait de la transparence, il faut qu’il y ait de la régulation », aurait déclaré Sarkozy. « On ne peut pas continuer comme ça avec quelques hedge funds qui empruntent à n’importe quel prix, à n’importe qui, sans qu’on sache à qui, ni qui assume le risque final, dans n’importe quelles conditions ». « Moi, je suis pour une économie qui fasse toute sa place aux créateurs, aux salariés, pas aux spéculateurs (...) Je crois profondément à la liberté, mais je ne peux pas accepter ce que nous avons vécu toutes ces dernières années : l’explosion de la spéculation (...) Je l’ai dit pendant la campagne : je suis pour la moralisation du capitalisme financier et la moralisation passe par la régulation, des règles prudentielles et de la transparence (...) La liberté, ce n’est pas la loi de la jungle ».
Krach final ou proche de la fin, les secousses de 8° sur l’échelle de Richter que nous avons vécues ces derniers jours, avec l’assèchement combiné des bulles spéculatives du subprime, du yen carry trade, et des CDO, montrent qu’à ne pas prendre de mesures d’urgence, nous jouons avec l’existence même de nos sociétés, de nos populations. La réaction timorée d’Angela Merkel aux propositions relativement inaudibles de Nicolas Sarkozy, répondant du tac au tac au refus des chefs d’Etat du G8 de la suivre lorsqu’elle avait proposé un contrôle « soft » des hedge funds au dernier sommet du G8, montrent les atermoiements de nos chefs de gouvernement.
Or, sauf à vouloir rentrer dans l’histoire comme autant de « Hoover » qui aggrava la situation créée par la crise de 1929, ou de Hitler, qui saisit cette occasion pour imposer des pouvoirs dictatoriaux, c’est l’action de Franklin Roosevelt qui a permis aux Etats-Unis non seulement de sortir de la dépression mais d’amorcer une période de croissance inégalée dans l’histoire qui doit nous inspirer aujourd’hui. En France, l’impulsion du programme du Conseil National de la Résistance et la planification indicative qui l’a suivi, a montré cette orientation.
Si Nicolas Sarkozy dit vouloir défendre les créateurs et les employés contre les spéculateurs, comme ailleurs, il s’est fait aussi le défenseur de la production, du développement de la puissance industrielle et d’une certaine forme de patriotisme économique, il va falloir aller plus loin qu’une simple lettre pour réguler un système en pleine désintégration.
Dans sa déclaration du 13 août 2007, Jacques Cheminade a indiqué l’orientation à suivre pour reprendre la situation en main :
A l’échelle nationale, il faut prendre les mesures d’urgence que je préconise dans « Mon projet contre les puissances du fascisme financier » de 2006 :
1) Création d’une banque nationale de développement, émettant du crédit à long terme et faible taux d’intérêt en faveur de grands travaux d’équipement à l’échelle française, européenne et eurasiatique, de l’ordre de 50 milliards d’euros ;
2) Transformer le Conseil d’analyse stratégique en un Centre d’action stratégique, dirigé par un Ministre délégué auprès du Premier Ministre et participant aux Conseils des Ministres ;
3) Mobilisation de la Caisse des Dépôts et Consignations pour une mission d’intérêt général en faveur des PME et du logement social à un niveau de l’ordre de 20 milliards d’euros ;
4) Mesures de contrôle des flux de capitaux, en tant que de besoin. Ces quatre mesures d’urgence constituent une protection offensive face à ce qui nous arrive.
Cependant, ces mesures ne serviront à rien si nous laissons la politique internationale aux mains des pouvoirs actuels. C’est pourquoi, à l’échelle du monde, nous devons intervenir sans attendre :
1) Soutenir la perspective d’un Nouveau Bretton Woods, défendue depuis longtemps par Lyndon LaRouche, un nouvel ordre économique et monétaire international qui redonne priorité à l’équipement du monde et au niveau de vie des peuples, contre les hedge funds et l’oligarchie financière ;
2) Soutenir la perspective de grands travaux, dans un cadre européen, eurasiatique et mondial, qui relancent l’économie réelle, avec des prêts à long terme et à très faible taux d’intérêt, convenus entre états sur la base de programmes à horizon long (10 à 50 ans, de l’ordre de 1.000 milliards d’euros pour l’UE) ;
3) Déclarer la banqueroute du système financier et monétaire international actuel, en réorganisant de fond en comble le système de dettes (élimination des dettes illégitimes, interdiction du recours aux produits financiers dérivés...) ;
4) Rétablir un système de taux de change fixes, avec un instrument de référence-or (et non d’étalon or) pour permettre les compensations des échanges entre états ;
5) Soutenir ceux qui, aux Etats-Unis, combattent pour obtenir la démission ou la destitution du vice-président Cheney, sans plus attendre, pour éviter qu’il lance une provocation suivie d’une aventure militaire qui, cette fois créerait l’irréparable.
Ecrivez à votre député de toute urgence : LETTRE A VOS ELUS pour des mesures d’urgence face à la désintégration financière