Dans la foulée du scandale révélé par le quotidien allemand Die Welt sur les manipulations du marché de certificats de dépôts STEP pour l’essentiel au bénéfice des grandes banques françaises, en vue de faciliter l’obtention de liquidités supplémentaires auprès de la BCE, l’hebdomadaire Wirtschaftswoche revient sur le rôle de la Banque de France dans cette affaire, présentée comme l’éminence grise derrière ses manœuvres. Plus pertinent, est l’inquiétude en Allemagne devant une régulation jugée superficielle et une surchauffe de la planche à billet capable de nous conduire à l’hyperinflation.
L’éditorialiste Frank Doll se demande si dans des circonstances aussi peu transparentes l’Allemagne puisse continuer à souscrire à l’union monétaire. Après tout, si « le marché de l’ombre des liquidités de la banque centrale », dont l’encours total était de 441,3 milliards d’euros fin décembre 2012, bénéficie avant tout aux plus grandes banques françaises, (43 % du marché), c’est elles qui en profitent le plus, accuse-t-il.
En France, la Banque de France a indiqué lundi avoir connu des difficultés techniques dans la gestion des garanties qu’elle exige en échange de prêts au cours de l’été 2012, mais a assuré que le problème avait été résolu à la fin du mois d’août et qu’il n’avait pas eu d’impact sur la politique monétaire.
Mais pour Wirtshaftswoche, Il n’est plus question de continuer les pourparlers sur le contrôle que devrait avoir la BCE sur la politique bancaire dans l’eurozone, comme on voudrait qu’elle l’obtienne. De plus, ajoute Doll, l’article 105 du Traité de Maastricht attribue à la BCE comme tâche principale le maintien de la stabilité des prix, mais depuis que l’euro est en crise, « la principale politique monétaire est devenue une partie de la politique économique de l’Union ».
Il conclut que le scandale STEP « peut in fine ruiner la crédibilité déjà écornée de la BCE. De plus, à Berlin, la question devra être inévitablement soulevée, à savoir s’il est possible [pour l’Allemagne] de continuer à participer dans une telle union monétaire. Quelqu’un devrait au moins examiner attentivement s’il est judicieux de laisser la supervision des banques à une banque centrale qui n’est pas capable de garder sa maison en ordre – ou ne désire pas le faire. »
Doll a également pris pour cible « l’effondrement monétaire de la BCE », qui se manifeste sous plusieurs formes, incluant le fait que la politique de « stérilisation » initiée par le gouverneur de la BCE Jean-Claude Trichet en 2010 a connu quelques ratés à la fin de 2012, et ce pour la première fois depuis novembre 2011. [1] La Banque centrale avait alors dû lancer une politique de renflouement coordonné pour stopper l’hémorragie, avec des accords de refinancement à long terme totalisant quelque 1000 milliards d’euros, et la crise actuelle laisse augurer de la nécessité d’avoir à nouveau recours à ce type d’accords.
Ces attaques de la presse allemande sont à prendre dans le contexte des négociations en cours pour poser les bases d’un cadre opérationnel pour une union bancaire d’ici la fin mars 2013, selon un protocole d’entente adopté lors du sommet européen de la mi-décembre 2012. Le tout doit entrer en vigueur en 2014.
Les Allemands avaient déjà dû accepter lors du sommet de décembre un compromis, qui consiste à confier à la BCE la responsabilité de superviser exclusivement (et de renflouer au besoin) les banques détenant pour plus de 30 milliards d’euro d’actifs (ou des actifs dépassant plus du cinquième du PIB dans le cas des plus petits pays), ce qui correspond à près de 200 institutions sur un total de 6000 selon une estimation du commissaire européen Michel Barnier.
Or, selon des chiffres disponibles sur le site http://www.relbanks.com, si l’on compare les actifs détenus par les banques françaises à ceux des banques allemandes au 31 juin 2012 (seulement celles qui détiennent pour plus de 30 milliards d’euros d’actifs), les 6 banques françaises concernées en détenaient pour plus de 7239 milliards d’euro tandis que le total atteignait 6018 milliards d’euro pour 15 banques allemandes (Voir tableau).
Banques Allemandes | Actifs en milliards d’euro | Banques françaises | Actifs en milliards d’euro |
---|---|---|---|
Deutsche Bank | 2241,17 | BNP Paribas | 1970,04 |
Commerzbank | 672,60 | Credit Agricole | 1802,35 |
KfW Bankengruppe | 516,50 | Societe Generale | 1246,67 |
HVB Group (HypoVereinsbank) | 392,10 | Groupe BPCE | 1174,92 |
Landesbank Baden-Wurttemberg (LBBW) | 372,80 | Natixis | 561,55 |
DZ Bank Group | 406,83 | CM - CIC Group | 483,40 |
Hypo Real Estate Group (HRE Group) | 190,00 | Total | 7238,93 |
Eurohypo Group | 189,10 | ||
BayernLB (Bayerische Landesbank) | 307,00 | ||
Norddeutsche Landesbank (Nord/LB) | 228,68 | ||
Deutsche Postbank | 196,48 | ||
Landesbank Berlin (LBB) | 131,67 | ||
WGZ Bank Group | 96,20 | ||
Aareal Bank | 45,40 | ||
IKB Deutsche Industriebank | 31,60 | ||
Total | 6018,12 |
[Source : http://www.relbanks.com]
Certaines factions proches du gouverneur de la Bundesbank Jens Weidmann sont désespérées par la politique laxiste du gouverneur de la BCE Mario Draghi et cherchent à pousser la France à aider l’Allemagne à s’opposer à la politique hyperinflationniste de Draghi.
Évidemment, la question doit être traité comme un tout et surtout comme une question politique. La seule entente possible entre la France et l’Allemagne pour une politique de supervision bancaire sérieuse, et contre la dynamique d’hyperinflation actuelle, consiste cependant à mettre en œuvre, de manière coordonnée, une séparation des banques d’affaires et banques de dépôts selon le principe de Glass-Steagall dans les deux pays.
[1] Cette politique consiste à compenser l’émission de liquidités associées à l’achat par la BCE des obligations d’Etats en difficulté détenues pas les banques, en ouvrant un guichet spécial pour que les banques puissent déposer des liquidités, sur une base hebdomadaire et contre une rémunération décidée aux enchères, pour un montant total similaire.
# cavalier
• 19/04/2013 - 14:07
Les actifs des banques, c’est à dire l’argent qu’elles ont prété doivent au sens des règles prudentielles internationales (accords de Bâle 2 puis 3..) être en partie couverts par un noyaux de capitaux propres et assimilés ... Si ce ratio est respecté la banque est considérée comme étant bien gérée.
Les banques françaises respectent ces règles !
Si cette règle n’a plus de sens alors il faut en prendre une autre qui soit aussi inernationalement reconnue. Et arrêter de dire n’importe quoi !
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# petite souris
• 11/01/2013 - 00:27
les manipulations du marché de certificats de dépôts STEP pour l’essentiel au bénéfice des grandes banques françaises
...........
En langage de petite souris française, il n’y a ni mots, ni de qualificatifs, ni verbes, pour décrire et expliquer ce que font ces gens-là !!!
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En période de guerre (nous y sommes) les petites souris savent très bien le sort qui leur serait réservé...................
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# CV
• 10/01/2013 - 22:52
Réponse au Titre :
" OUI", ses responsables appartiennent aux cercles les plus influents...
A la fin, ça fait beaucoup de personnes à destituer....
On est pas sorti de l’auberge....
Bon courage...
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