Le 22 avril 2008 (Nouvelle Solidarité) — Dix ans après la réforme du système ferroviaire français, la Cour des Comptes, dans son nouveau rapport, tire le signal d’alarme concernant la gestion et l’état des voies ferrées en France et constate de très « sérieux dysfonctionnements ».
L’Etat français, en application d’une directive européenne en vue de l’ouverture à la concurrence, a créé en 1997 Réseau Ferré de France (RFF). Séparé de la SNCF, RFF est en charge de l’infrastructure du réseau ferré tandis que la SNCF continue à en assurer l’exploitation commerciale.
Dès sa création, RFF a héritée d’une dette de plus de 20 milliards de d’euros. Dix ans après, pendant que la SNCF annonce 1 milliard d’euros de bénéfice, la dette de RFF est passé à 27 milliards et plombe l’entreprise avec 1,4 milliards d’euros de frais financiers annuels.
Lucides, les sages de la Rue Cambon constatent que faute de moyens, RFF économise de l’argent en réduisant la maintenance du réseau. Résultat : aujourd’hui, près de la moitié des voies (soit 13600 km) est en mauvais état.
Pour y remédier, la logique malthusienne du rapport suggère de « rouvrir le débat sur l’avenir de lignes moins fréquentées en acceptant de fermer certaines d’entre elles pour éviter que ce soit l’ensemble du réseau qui se dégrade ».
Pour remettre RFF en état de remplir sa mission de maintenance, et plus simplement pour éviter sa faillite, la Cour des comptes recommande que l’Etat prenne à sa charge « 12 à 13 milliards de dettes non amortissables, car quoi qu’il arrive RFF ne pourra les rembourser ».
Ce cas montre d’une façon clinique le désastre que provoque l’absence d’un système de crédit public, absence qui oblige les Etats à s’endetter à des taux usuraires auprès de banques privées. Rappelons également que les traités de Maastricht et de Lisbonne ne font pas que décourager l’investissement sur le long terme mais interdisent explicitement toute forme de crédit public et ceci au grand plaisir des banques spéculatives bien déterminées à nous conduire vers l’abîme.
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