Alors que le président russe Wladimir Poutine joue de la carotte et du bâton vis-à-vis des « oligarques » et que l’orientation globale de la politique économique russe reste vague et ambiguë, une initiative politique importante vient d’être prise sur le plan énergétique. S’il voit le jour, le nouveau programme sur 30 ans d’équipement nucléaire constituera un facteur-clé pour viabiliser la base physique de l’économie russe, tout en stimulant la croissance économique générale.
Le plan a été exposé le 24 juillet dernier par le ministre russe de l’Energie nucléaire, Jevgeni Adamov, dans une interview avec la radio allemande Deutschlandfunk. Le lendemain, le quotidien Die Welt y consacrait un grand article. Selon Adamov, la décision du gouvernement russe remonte déjà au mois de mai. Il a alors approuvé l’ensemble du plan sur 30 ans, qui se concentrera, durant les cinq premières années, sur une révision complète des centrales nucléaires existantes. Dans un deuxième temps, la Russie va construire 30 nouvelles centrales nucléaires de différents types et se dit prête à coopérer pour cela avec les industriels ouest-européens comme Siemens ou Framatome.
Comme l’a noté Adamov, étant donné la décision de la coalition rouge-verte en Allemagne de mettre fin à l’énergie nucléaire et le sentiment antinucléaire prévalant en Europe de l’ouest, l’exportation d’électricité vers l’Ouest, en particulier vers l’Allemagne, pourrait être une possibilité de financer - au moins partiellement - le programme nucléaire. La Russie est également en train de négocier avec plusieurs pays européens et asiatiques, incluant l’Allemagne, la Suisse, l’Espagne, la Corée du Sud et Taïwan, pour construire un site de stockage des déchets nucléaires en Russie, qui réceptionnerait les déchets venus de l’étranger.
Adamov précise que le Russie prévoit de faire en 30 ans ce que la France a fait en 20, c’est-à-dire augmenter la part du nucléaire dans la production totale d’énergie de 14% à 33%. Comme le remarque Die Welt, c’est « le programme nucléaire le plus vaste et ambitieux » que la Russie ait jamais entrepris. En plus de la construction de grandes centrales nucléaires « traditionnelles », ajoute Die Welt, la Russie travaille aussi à de nouveaux types de centrales nucléaires. Lorsque Poutine était à Pékin à la mi-juillet, il a signé un accord pour le développement conjoint d’un réacteur nucléaire de 60 MW à neutrons rapides. La Russie vient également d’achever la construction de sa première centrale nucléaire flottante, qui va pouvoir être expédiée dans les régions arctiques.