3 juin 2008 (LPAC) – Hier, lors d’une audition devant la Commission du Sénat américain sur le Commerce, la Commission sur les échanges de contrats à terme sur les matières premières (CFTC en anglais) s’est faite épingler, après avoir abandonné la « régulation » de ce marché à des autorités britanniques.
Témoignant au sujet de l’explosion des prix du pétrole, le professeur de Droit de l’Université du Maryland, Michael Greenberger, expliquait à des sénateurs en colère que 35% des contrats à terme de pétrole brut intermédiaire provenant de l’ouest du Texas, échangés sur le sol américain, avaient été transférés vers des« marchés opaques », totalement non-régulés. Ces contrats sont échangés sur un marché siégeant à Atlanta (le Marché d’échange intercontinental de matières premières, ou ICE) qui, en vertu de mesures de la CFTC, est juridiquement un marché londonien « offshore », uniquement contrôlé par l’Autorité des services financiers britanniques !
Il expliquait également comment une poignée de hedge-funds et trois banques d’investissement (Goldman Sachs, Morgan Stanley et JP Morgan Chase) contrôlent 70% de ces achats spéculatifs des contrats à terme de pétrole américain tirant vigoureusement les prix vers le haut, tout en « pronostiquant » en parallèle une augmentation à 200 dollars le baril. De même, sur le Mercantile Exchange de New York (NYMEX), les échanges de contrats à terme sur le pétrole sont désormais uniquement « régulés » par l’autorité financière de Dubaï, contrôlée par Londres, toujours suite à un autre accord avec la CFTC.
Cette manipulation spéculative des prix de l’énergie à partir de Londres et de Wall Street, avec l’assentiment de la CFTC et de son Président Walter Lukken, a également été dénoncée par Mark Cooper, représentant de la Fédération des consommateurs d’Amérique, et par les sénateurs eux-mêmes.
Le 25 mai, la sénatrice Maria Cantwell et 22 autres sénateurs avaient envoyé une lettre à la CFTC, lui demandant la fermeture de ce qu’ils appellent le « vide juridique anglais ». Lukken répondit le 29, promettant une action d’ici l’automne. D’après Greenberger, ce simple échange aurait permis d’enrayer la tendance haussière, faisant redescendre les cours de 135 à 125 dollars.
La sénatrice Cantwell expliquait après l’audition d’aujourd’hui que : « Maintenant, il va y avoir beaucoup plus de signataires et je crois que la CFTC prendra les mesures exigées par l’économie et par la moralité du peuple américain. » Si ce n’est pas le cas, elle pense que le Sénat légiférera pour lui forcer la main.