31 août 2009 (Nouvelle Solidarité) — Nat Hentoff est un écrivain et journaliste qui se bat depuis les années 1960 pour la liberté d’expression et contre le retour d’un Etat policier. Dans un article paru dans le Jewish World Review du 19 août et intitulé Pourquoi la Maison Blanche finit par me faire peur, il écrit :
« Je ne me suis pas laissé intimider pendant la chasse aux sorcières menée par le FBI de J. Edgar Hoover contre les reporters, comme moi-même qui le critiquais. Je me suis insurgé, sans flancher, contre la guerre à la Charte des droits menée par Bush et Cheney. Mais aujourd’hui, je fini par avoir peur de la Maison Blanche. La réforme de la santé voulue par le président Obama prévoit qu’un haut conseil (similaire au modèle britannique) – tel le Center for Health Outcomes Research and Evaluation dans la proposition de loi démocrate actuelle – décide si la qualité de votre vie, quel que soit votre parti politique, mérite des financements publiques pour vous maintenir en vie. Prenez garde à cette disposition décisive sur la vie, dans la loi définitive. Elle figure déjà dans la loi de reprise adoptée. »
Hentoff cite, à l’appui de son argument, le Dr Ezekiel Emanuel, conseiller de la Maison Blanche en matière de santé, ainsi que Charles Lane, du Washington Post, et Wes Smith, un activiste opposé à l’euthanasie. « Quoi que fasse le Congrès à son retour de vacances, le rationnement reste une partie intégrante de l’éventuel grand plan de santé d’Obama. »
Le caractère liberticide de cette réforme a aussi été dénoncé par une des figures de proue de la gauche new-yorkaise, le critique d’art Lee Siegel, dans un article intitulé L’erreur d’Obama sur l’euthanasie.
Parmi les raisons ayant poussé le Président à défendre une « initiative utilitariste » ouvrant la voie à l’euthanasie, Siegel pointe du doigt deux influents professeurs de la Faculté de droit de l’Université de Chicago, où Obama était chargé de cours : Richard Posner (« un défenseur enthousiaste de l’euthanasie et un eugéniste énergique ») et Cass Sunstein (un disciple de Posner qui est convaincu par « la pratique statistique consistant à prendre en compte les années d’espérance de vie pour évaluer une prescription »).
Le Center for Health Outcomes Research and Evaluation que cite Nat Hentoff, figure dans la Section 219 du projet de loi du Sénat, sous le sous-titre B (Amélioration de la qualité du système de santé) de l’intitulé II relatif à la réforme de la qualité et de l’administration des soins.
Suivant cette section, le Centre aura pour tâche, entre autres, de « coordonner, conduire, soutenir et synthétiser les recherches portant sur les résultats et l’efficacité comparatifs de toute la palette des traitements médicaux, y compris médicaments, appareils médicaux, procédures médicales et chirurgicales, dépistage et diagnostics, suivi psychologique et autres interventions sur la santé ».
Des précisions sont données sur la mise sur pied d’un Conseil consultatif de 19 membres qui « assure la transparence », bien que sa relation avec le Centre ne soit pas clairement définie. Toutefois, une tentative est faite de dissimuler la véritable intention, en affirmant que « les rapports et recommandations du Centre ne seront pas interprétés comme des instructions affectant le financement,laprise en charge ou la nature des traitements. »
Le sénateur républicain Sam Brownback précisait le 3 août que son collègue Mike Enzi avait proposé un amendement destiné à interdire à un tel centre d’évaluer un traitement en termes de « qualité de la vie » ou d’ « efficacité des coûts », pour ensuite « refuser aux patients les avantages de Medicare ».
Les démocrates ayant rejeté l’amendement en question, au nom de la discipline du parti, le nouveau Centre serait effectivement autorisé à imposer des restrictions sur les traitements medicaux.
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