L’ancien premier ministre russe Yevgeni Primakov a lancé un appel incisif aux Etats-Unis pour qu’ils formulent une politique stratégique dans leur intérêt propre, incluant la coopération avec
16 juillet 2007 (LPAC) - L’ancien premier ministre russe Yevgeni Primakov a lancé un appel incisif aux Etats-Unis pour qu’ils formulent une politique stratégique dans leur intérêt propre, incluant la coopération avec la Russie, mais aussi la Chine et l’Inde, pour résoudre les conflits en Irak, en Afghanistan, au Pakistan et en Iran. Son article a été publié dans le Moscou News du 12 juillet, soit la veille de la première rencontre du groupe pour un dialogue stratégique « La Russie et les Etats-Unis : Regard vers l’avenir », que Primakov co-préside avec Henry Kissinger. Le magazine EIR explique dans son numéro daté du 20 juillet, comment ce groupe Primakov-Kissinger a émergé fin avril, dans la dynamique menant au dialogue entre Poutine et Bush les 1er et 2 juillet dans la résidence de Bush père à Kennebunkport.
Dans son article, Primakov presse les Etats-Unis de reconsidérer leurs priorités internationales. Les « enjeux majeurs » divisant russes et américains sont d’une part le plan des Etats-Unis de déployer un système anti-missile en Europe de l’est, et d’autre part, le soutien que Washington apporte au Kosovo pour prendre son indépendance de la Serbie. Primakov dit qu’  ;« il est révélateur qu’aucun de ces problèmes n’est vital pour les Etats-Unis » et il ajoute que pour la Russie ils le sont. Jusqu’ici, le conflit s’est intensifié sur ces questions « à un moment où il semble que Washington ait un intérêt objectif à coopérer avec Moscou pour résoudre l’étalement des conflits qui sont bien plus importants pour les Etats-Unis et la communauté internationale dans son ensemble ». Les conflits dont il parle sont l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran ainsi que les relations israélo-palestiniennes.
Après la rencontre du groupe Kissinger-Primakov le 13 juillet avec Poutine, Primakov a refusé de révélé les détail de leur discussion, exigeant des medias qu’ « ils nous laissent faire notre travail ». En même temps, alors que son article aborde les crises répétées, Primakov tient à exploiter tous les signaux d’un virage politique américain se détournant d’une confrontation globale, comme avec le rapport Baker-Hamilton de l’an dernier.
Connu pour être un spécialiste de l’Asie du Sud-Ouest, Primakov décrit avec précision l’échec de la politique de « montée subite » de l’administration Bush en Irak. Il cite le président irakien Jalal Talabani et le rapport de l’Iraq Study Group (« Baker-Hamilton ») qui a été préparé aux Etats-Unis même en fin d’année dernière, et appelant à inclure l’Iran et la Syrie pour tenter de résoudre la crise irakienne. « L’Iran et la Syrie montrent un grand intérêt à vouloir discuter avec les Etats-Unis » et « la Russie, qui a des liens étroits avec la Syrie et l’Iran, pourrait ne pas être complètement inutile pour résoudre la crise irakienne ».
La publication des idées de Primakov sur une coopération russo-américaine pour arrêter la guerre en Irak, contraste très clairement avec les révélations du Guardian de Londres abondamment reprises dans la presse russe, faisant état des pressions renouvelées du vice-président Cheney sur Bush pour attaquer l’Iran.
Primakov suggère que la Russie pourrait jouer un rôle en Afghanistan, où le déploiement de l’Otan « ne va nulle part ». Se remémorant l’engagement désastreux de l’Union Soviétique en Afghanistan, Primakov dit qu’il est peu probable que la Russie y envoie des troupes, mais il y a des éléments de coopération récents où la Russie a aidé Bush « à lancer une opération anti-terroriste en Afghanistan », et en expulsant les talibans de Kaboul. « Est-ce que l’expérience russe en Afghanistan pourrait ne pas être utilisée dans la lutte contre le terrorisme aujourd’hui ? »
Primakov soulève la possibilité d’une coopération américaine avec les trois membres du Triangle stratégique eurasiatique -c’est ainsi qu’il avait nommé une fois la coopération de la Russie, de la Chine et de l’Inde- au sujet de la « situation de déstabilisation croissante » du Pakistan, nation qui possède l’arme atomique.
Primakov avertit que la préoccupation de Washington à installer un bouclier anti-missile en Europe pourrait les mettre hors du coup au Pakistan. La perspective d’un conflit intérieur là bas « éclipse le souci d’un Iran qui dans quelques années serait équipé d’une forme embryonnaire d’arme nucléaire. » Il ajoute que les récentes « ouvertures vers une coopération » de la part de l’Iran peuvent être attribués à « un changement dans la position américaine : d’abord ils ont menacé d’utiliser la force contre l’Iran, mais ensuite ils ont fait un virage à 180 degrés et ont rejoint la Russie, qui pense que le problème ne peut être résolu que par des moyens politiques. N’est-il pas temps pour les Etats-Unis de démarrer des consultations avec la Russie, l’Inde et la Chine au sujet du Pakistan ? »
Au sujet des relations Israélo-palestiniennes, Primakov appelle à raviver les efforts du Quartet (Nations Unis, Union Européenne, Russie, Etats-Unis) contre toute tentative de Washington de vouloir « monopoliser le processus de paix ».