Jacques Cheminade, président de Solidarité & Progrès vient de signer « l’Appel pour que le PS se mette au travail ».
L’initiateur de cet appel, l’économiste Pierre Larrouturou rappelle d’abord que « deux fois par an » une Convention doit être organisée pour approfondir une partie du projet des socialistes. Depuis le 21 avril 2002, le PS « aurait donc dû tenir 10 grandes Conventions »... affirme-t-il en réclamant dès le début 2008 une grande conférence avec un triple objectif, notamment la définition « de nouvelles régulations monétaires, financières et commerciales au niveau international. »
L’appel précise que « vu la gravité des déséquilibre actuels (la dette américaine représente 230 % du PIB américain - contre 140 % en 1929 - et une grande part de la croissance chinoise vient de la consommation américaine), nous ne pouvons pas attendre qu’éclate une nouvelle crise pour organiser un nouveau Bretton Woods. Puisque aucun organisme international ne le fait (‘il ne faut pas inquiéter les marchés’), pourquoi le PS n’en prendrait-il pas l’initiative ? »
Pierre Larrouturou est le porte-parole de l’Union pour l’Europe sociale et depuis peu, délégué national Europe du Parti Socialiste. Auteur avec Michel Rocard du Livre noir du libéralisme il défend donc la même démarche que l’ancien premier ministre en faveur d’un « Bretton Woods II »
Interviewé par Libération le 1 décembre, Larrouturou nous livre quelques éléments du livre qui vise à démontrer, chiffres à l’appui, que « L’hyperlibéralisme nous conduit dans le mur ».
Richement documenté, le livre constate que le capitalisme financier s’engage actuellement sur des « trajectoires d’effondrement » et les auteurs pensent qu’on est « au bout d’un système » et qu’il est donc « urgent de construire une alternative globale ».
Parmi les échecs du système actuel, la précarité qui « s’est généralisé dans l’ensemble des pays occidentaux » et la part de la richesse allant aux salaires qui a baissé dans tous les pays occidentaux et même de 10 % en Europe et au Japon. Par conséquence, en France, la part des salaires et cotisations sociales dans le PIB a chuté de 11 % et désormais c’est l’équivalent de 200 milliards d’euros « qui vont rémunérer le capital, alors qu’ils iraient aux salaires si nous avions conservé l’équilibre de 1982. »
Interrogé sur ce qu’il fait pour faire bouger les lignes au sein du PS, Pierre Larrouturou répond qu’avec « douze parlementaires, des premiers fédéraux, des élus et des militants, nous lançons une pétition pour que le PS se mette enfin au boulot, et qu’il s’ouvre à tous ceux qui veulent construire le progrès social (*). Les statuts du PS sont clairs : si nous recueillons 5000 signatures de militants PS ou 50 000 de citoyens non-PS, la direction sera obligée de nous écouter, » car « Si la gauche attend 2011 pour se mettre au travail, alors nous sommes sûrs de nous prendre encore une veste. C’est en 2008 qu’il faut se mettre au boulot. »
(*) La pétition est sur www.nouvellegauche.fr