25 septembre 2009 (Nouvelle Solidarité) - Olivier Blanchard, économiste en chef du Fonds monétaire international qui avait déjà appelé à des coupes sombres dans les budgets de la santé et des retraites dans la publication du FMI, Finances et Développement, de Septembre 2009, est revenu à la charge sur le même thème dans une interview accordée à l’Express du 24 septembre.
Avouant que la fameuse reprise, dont on parle partout, n’est qu’un effet temporaire des plans de relance consécutifs au crack, Olivier Blanchard s’inquiète que les Etats, obligés de maintenir leur soutien à l’économie, continueront à creuser leurs déficits perdant toute crédibilité auprès des marchés financiers.
La reprise est « largement technique », dit-il, « les entreprises ont moins peur, et elles commencent à restocker ». Mais ce phénomène ne « dure que quelques trimestres, et puis il s’arrête. L’autre élément temporaire, ce sont les plans de relance. Ils vont faire sentir leurs effets jusqu’au premier trimestre de l’année prochaine, et ensuite leur impact va s’amenuiser. » Tout cela « ne sera pas suffisant pour faire vraiment reculer le chômage. (…) Les banques sont encore convalescentes, et les entreprises, quant à elles, sont loin de tourner à plein régime. L’inquiétude désormais, c’est que l’on ait une croissance très faible, pendant plusieurs années, à l’image de ce qui se produit au Japon, où cela dure maintenant depuis vingt ans. (Souligné par nous)
Puis, craignant que les marchés ne veuillent plus continuer à financer la dette publique, il appelle à des programmes d’austérité pour réduire les déficits. « Si on se place dans un scénario à la japonaise, il se peut que l’on doive soutenir l’activité assez longtemps. Si on veut que cela soit viable il faut donc combiner ce soutien à des réformes structurelles, qui réduisent les déficits à moyen terme. En matière de retraite et de santé, on s’achemine vers des problèmes qui, à terme, seront beaucoup pus importants que ceux occasionnés par les plans de relance. Il faut donc travailler sur les deux fronts, sinon les marchés financiers perdront tôt ou tard confiance dans la capacité des Etats à rembourser. On ne sait pas quand ni comment, mais les conséquences peuvent être extrêmement désagréables. En France cela passe par l’augmentation de l’âge de la retraite » ! (Souligné par nous)
Les avertissements d’Olivier Blanchard ne restent pas, malheureusement, lettre morte. Pour ce qui est des retraites, le gouvernement vient d’avancer de 2 ans, de 2012 à 2010, la date de la mise à plat de l’ensemble du système. La branche vieillesse de la Sécurité Sociale a accumulé un déficit de 8 milliards d’euros en 2008 et certains projettent qu’en 2050, il pourrait atteindre entre 70 et 110 milliards d’euros.
Pour faire face à la situation, Nicolas Sarkozy a déjà déclaré que toutes les voies pour rétablir l’équilibre devront être évaluées. Pour l’heure la priorité est d’augmenter le nombre d’annuités de travail avant de recevoir une pleine retraite, ce qui implique surtout d’inverser la tendance à la préretraite qui fait qu’aujourd’hui, seuls 38% de ceux qui ont entre 54 et 65 ans, travaillent. Partant du fait que l’espérance de vie est aujourd’hui très élevée dans notre pays (84,4 ans pour les femmes et 77.7 ans pour les hommes), dès le début de l’année le gouvernement a lancé tout un arsenal des lois, à la fois contraignantes et incitatives, pour obliger les entreprises à développer les emplois « seniors » et ces derniers à travailler plus. Et pourquoi pas jusqu’à 70 ans et plus ?!
Parmi les mesures, des pénalités pour obliger les entreprises à mettre fin aux préretraites, ainsi que la fin de la dispense pour un chômeur de chercher un emploi à partir de 57 ans, qui lui permettait de recevoir des allocations chômage jusqu’à la retraite à 60 ans. Et, tenez-vous bien : désormais, on ne pourra plus mettre quelqu’un à la retraite d’office à 65 ans, mais seulement à 70 ans !
Par ailleurs, les entreprises seront tenues d’assurer aussi les formations continues pour les seniors tout au long de leurs très longues carrières, ainsi que d’adapter leurs missions à leur âge, car on s’inquiète tout de même pour nos vieux : « Laisser quelqu’un jusqu’à 70 ans au marteau piqueur, au service d’urgence de nuit ou au contentieux-clients relève plutôt de la mise en danger d’autrui », rapporte Isabelle Hennebelle, dans L’Expansion d’Octobre 2009 !
Face à cette situation, la question importante reste, cher citoyen, jusqu’à quand tolérerons nous que les gouvernements fassent passer les désidératas des marchés financiers avant les intérêts du peuple, et que les décisions cruciales à notre existence soient prises par des valets de l’oligarchie financière, comme Olivier Blanchard ?
Rappelons qu’avant de devenir haut-fonctionnaire de cette institution financière supranationale, Olivier Blanchard, aujourd’hui sarkozyste, avait été le principal conseiller économique de celui qui ne fut qu’un accident dans l’histoire de la Cinquième République : Lionel Jospin. [*]
Lire aussi : Olivier Blanchard et le FMI : coupons les dépenses de santé et les retraites pour stabiliser la reprise !
[*] Dans une déclaration faite durant la campagne présidentielle de 2002 où il a été éjecté du deuxième tour par Jean Marie Le Pen, Lionel Jospin avait déclaré que la participation de Jacques Cheminade à l’élection présidentielle de 1995 n’avait été qu’un « accident dans l’histoire de la Cinquième République ».
# ptiriso
• 26/09/2009 - 14:51
Esclavage jusqu’à 70 ans ? Le parcours du « combattant » l’est réellement hélas de la tombe jusqu’au berceau, ou, et l’inverse... du moins dans cette époque... où ne règne que les horreurs : rentabilité et compétitivité, et les choses prison en isme.
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