4 octobre 2008 (Nouvelle Solidarité) — Au moment de crise grave, la France et les français ont un bon réflexe : « Que fait l’Etat et que font les Etats ? » s’exclament-ils. Ainsi, on constate qu’à l’heure actuelle, après de longues années de constipation intellectuelle sur le sujet, une véritable « Nouveau Bretton Woods-mania » s’empare de nos économistes et décideurs politiques.
Le grand danger alors, c’est qu’on risque de nous vendre des vessies pour des lanternes. Car, rappelons le, c’est uniquement le type de Bretton Woods mis en place par Franklin Delano Roosevelt pour financer le Plan Marshall en 1944, démarche défendue par Lyndon LaRouche et Jacques Cheminade, qui nous a donné les « trente glorieuses » de l’après-guerre et aucune autre démarche ne donnera de nouveau ce résultat.
Parmi les produits frelatés qui polluent le marché, signalons en priorité : « Le Nouveau Bretton Woods financier » défendu depuis un mois par Christian de Boissieu, président du Conseil d’analyse économique (CAE) du premier ministre, et professeur à Paris I.
Comme il est de bon ton dans la profession, cet économiste estime que la crise actuelle n’est que la fin d’un cycle et que « forcément » dans six mois, ou dans un an, tout ira mieux ! Aussi, pour de Boissieu, la « bonne réactivité » de la Réserve fédérale et les banques centrales, qui fournissent sans limite ni différentiation des liquidités aux spéculateurs à la dérive, l’ont convaincu que « nous ne sommes pas en 1929 ».
Sur la régulation que tout le monde appelle de ses vœux, il affirme, en bon sophiste, que « trop » de régulation, augmentera encore plus « l’innovation financière » qui nous a donné les fameux « titres toxiques » hypercomplexes qui nous posent déjà tant de problèmes aujourd’hui.
Ensuite, il conclut avec élégance que la crise ne peut être réglée que si l’on trouve « la bonne parade pour améliorer le fonctionnement des agences de notation, pour renforcer la transparence de l’information, pour limiter les conflits d’intérêt, pour mieux surveiller la titrisation et l’utilisation des instruments dérivés, pour conduire les fonds souverains à être plus transparents », évitant ainsi de traiter le fond du problème.
Pire encore, en plein déni de réalité, il dit : « Je ne crois pas à la faillite de l’ensemble du système bancaire et financier. »
Cependant, quand on lui demande sur le chat du Monde.fr, le 15 septembre, s’il « ne faudrait pas un Nouveau Bretton Woods pour mettre fin à la crise ? », il répond : « Comme certains d’entre vous le savent peut-être, je défends depuis un mois l’idée d’un Bretton Woods financier, alors que la réunion de 1944 à Bretton Woods a privilégié la question monétaire. »
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Le voilà donc, en opposition totale avec la démarche de FDR, pour qui Bretton Woods n’était ni financier ni monétaire, mais économique et politique.
Christian de Boissieu trompe son public quand il dit que « Vu l’ampleur de la crise et son aspect systémique, il nous faut ensemble refonder le système financier international. C’est uniquement dans cette conférence de refondation que nous pourrons traiter de manière cohérente les différents sujets qui se posent aujourd’hui à nous : meilleur fonctionnement des agences de notation, code de conduite à destination des fonds souverains, règles de liquidité à respecter par les banques, ajustement des nouvelles normes comptables internationales, nouveau rôle du FMI, etc. »
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Pour résumer, tout conseil de M. de Boissieu est aussi toxique que ce système qu’il défend et montre qu’il ne comprend rien aux fondements de l’économie. Un poste plus honorable de comptable lui conviendrait sans doute. Au-delà de sa personne, c’est la matrice « romaine » de sa pensée qu’il faut éradiquer de toute urgence de la pensée économique.
Les Romains aussi n’ont jamais cru à la faillite de l’ensemble de leur système bancaire et financier. Pour financer ses guerres impériales, Rome a tué le commerce et la production par l’impôt, véritable « plan Paulson » de l’époque, tout en distribuant de la nourriture et des médicaments pour apaiser l’agitation des peuples. Face à une inflation galopante, l’Etat romain frappa des pièces de plus en plus nombreuses contenant de moins en moins de métal précieux. La monnaie fut constamment dévaluée (hyperinflation) et les autorités ont été amenées à percevoir les impôts en nature et à exiger des corvées afin d’éviter le délitement de la société. La valeur de l’argent s’est effondrée de plus en plus, et après Commode, aucun empereur n’est arrivé à enrayer le chaos monétaire, précipitant l’économie dans sa chute. Surtout, les édits « régulateurs » de Dioclétien, fixant un prix maximal pour les produits et étendant l’impôt à tous, ont été incapables d’enrayer la chute de l’Empire.
Il est grand temps, donc, que tous les Astérix de la Gaule se rallient à Jacques Cheminade afin de défendre le seul « vrai Nouveau Bretton Woods » capable de nous tirer de la grande crise et le chaos.
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