19 septembre 2007 (Nouvelle Solidarité) - Après la ruée sur les filiales de Countrywide Financial à la mi-août en Californie avec la panique du « subprime », c’est maintenant l’Angleterre qui est traversée par un vent de panique. Depuis Vendredi, des milliers d’épargnants de Northern Rock, la 8e institution financière britannique et le troisième plus gros prêteur sur le marché immobilier, se bousculent aux guichets pour retirer leurs dépôts. Dimanche soir, la BBC évaluait les retraits à 2,9 milliards de livres sterling, soit 12 % des 24 milliards de dépôts détenus par Northern Rock. Le Sunday Times estimait que ce montant atteindrait bientôt 50 % du total disponible.
Face à une telle panique, Northern Rock a immédiatement avancé que la Banque d’Angleterre lui prêterait « autant que nécessaire » pour remédier à la crise. Mais ça n’a pas suffi, et lundi dès 3h du matin, des milliers d’épargnants attendaient aux portes des succursales de Northern Rock, et c’est le Chancelier de l’échiquier Alistair Darling qui a dû annoncer à la sortie de son entrevue avec le secrétaire au Trésor américain Hank Paulson, le chef de l’officieux Plunge Protection Team (le comité anti-plongeon américain), que 100 % des dépôts seraient garantis par la Banque d’Angleterre.
Alistair Darling doit faire face à un danger d’explosion en chaîne des institutions financières du royaume, puisque dans le maelstrom du Krach financier international, c’est l’ensemble du système d’usure financière britannique qui est sur le point de chuter.
Northern Rock représente 113 milliards de livres sterling (162 milliards d’euros) sur le marché immobilier britannique et a massivement recours à des actifs titrisés Covered Bonds pour assurer ses liquidités. Mais la peur depuis cet été sur les marchés des actifs titrisés (que l’on peut désormais appeler les fictifs méprisés) et l’assèchement général du crédit interbanques ont contraint Northern Rock à recourir jeudi 13 septembre à la Banque d’Angleterre pour trouver des liquidités. Habituellement, les institutions britanniques se tournent vers la BCE dont le mécanisme de prêt est anonyme, mais il semble que les 75 milliards d’euros émis par la BCE le 12 septembre n’étaient pas suffisants.
En Grande Bretagne, la dette des ménages est supérieure à 100 % du PIB du pays (moins de 50 % en France), et est constituée à 80 % par les emprunts immobiliers. Si en France les taux d’intérêts sont des taux fixes dans 90 % des cas, au Royaume-Uni ils ne le sont que dans 5 % des cas. Ces taux variables subissent de plein fouet les cinq hausses successives de la Banque d’Angleterre ces 12 derniers mois. Déjà 14 000 logements ont été saisis outre-manche et 125 000 ménages connaissent de graves difficultés de paiement. Les spécialistes s’attendent à ce que dans les 18 prochains mois, 2 millions de ménages voient leurs mensualités exploser.
Après l’explosion de la bulle immobilière américaine cet été, c’est maintenant l’Angleterre qui subit le retour de bâton, et l’Espagne qui attend dans la peur son tour. La mort de l’économie financière est sur le point d’emporter l’économie réelle avec elle. C’est le moment ou jamais d’établir un pare-feu pour protéger l’économie et les gens, en prenant modèle sur la bataille du Homeowners and Bank Protection Act menée par le Mouvement de jeunes de LaRouche outre-atlantique.