Quand deux chiens se battent pour un os, c’est souvent le troisième qui part avec. Voilà ce qu’on pourrait dire de la décision de la société privé NYSE Euronext de transférer sa plate-forme « cash » (le cœur de son centre informatique chargé de la cotation du marché des actions) de la banlieue de Paris (Aubervilliers) à Basildon, situé à 40 km de Londres. Car les gros bataillons d’arbitragistes et leurs puissants serveurs sont basés outre-Manche.
Ainsi, dans un peu plus d’un an, la place financière de Paris n’aura plus sur son territoire que le duplicata des systèmes informatiques de cotation des actions de la zone euro de la Bourse transatlantique. La Bourse de Milan, a elle aussi placé son système informatique sous la houlette de son propriétaire, le London Stock Exchange (LSE).
Si la presse reconnaît que « Londres fait depuis longtemps rêver la finance française », car « les grandes banques disposent de salles de marché entières au Royaume-Uni, notamment pour la gestion de leur compte propre », la décision de NYSE Euronext démontre où se trouvent les vrais maîtres de la zone euro : à Londres. Pour compléter le tableau, pourquoi pas envisager le transfert de la Banque centrale européenne (BCE) de Frankfort vers Londres ?
Un éditorial des Les Echos tente de clarifier la situation. « Cherchez l’erreur ! La crise était censée avoir mis la City à genoux. Ses principales banques sont sous tutelle publique et de nombreux hedge funds ont mis la clef sous la porte. La revanche des places financières du continent était écrite. Et pourtant, NYSE s’apprête à faire traverser la Manche à l’essentiel de ses infrastructures informatiques… »
« Si l’on veut éviter que la place de Paris ne soit plus qu’un souvenir, un sursaut s’impose. Puisque la bataille du marché des actions est perdue, il devient urgent de gagner celle en cours sur les produits [financiers] dérivés. La volonté existe aussi bien à Paris qu’à Bruxelles. Elle doit se traduire dans les faits. Tous les efforts doivent être consentis pour localiser dans la zone euro la chambre de compensation des dérivés de gré à gré en euros. Mais il faut bien l’avouer, il sera difficile là aussi de résister à l’appel de Londres… »
Si les brouillards de Londres ont l’avantage de faciliter la dissimulation des opérations spéculatives les plus folles, ils ne protégeront pas pour autant contre la tempête finale des marchés.
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