Mr Sarkozy a déclaré qu’il n’avait pas « l’intention de se cacher, de mentir, ou de s’excuser ». « Je souhaite pour l’économie française beaucoup de Vincent Bolloré, qui est un des grands industriels français » a-t-il dit. Mais qu’entend-t-il par grand industriel ?
(Nouvelle Solidarité) Mr Sarkozy a déclaré qu’il n’avait pas « l’intention de se cacher, de mentir, ou de s’excuser ». « Je souhaite pour l’économie française beaucoup de Vincent Bolloré, qui est un des grands industriels français » a-t-il dit. Mais qu’entend-t-il par grand industriel ?
Classé 451ème homme le plus riche au monde, monsieur Bolloré est en effet très riche. Mais comment d’une petite entreprise familiale de Bretagne, le groupe Bolloré est-il devenu une multinationale qui rachète tout sur son passage. Le mérite ? A-t-il travaillé plus pour gagner plus ? La réponse est bien évidemment NON. Monsieur Bolloré n’est pas un entrepreneur, c’est un financier... La dérégulation de l’économie mondiale (cf. mondialisation) depuis les années 70, signant la fin des accords de Bretton Woods de Roosevelt, a permis un renouveau du système libéral anglo-hollandais, qui avait amené les gros cartels dans les années 20 et 30 à financer les partis fascistes pour « rembourser la dette ». Dénoncé par de nombreuses associations, monsieur Bolloré est le nouveau monsieur Afrique français.
Monsieur Vincent Bolloré a commencé sa carrière en 1981, avec les papeteries Bolloré, et a été couronné « Manager de l’année » en 1987. Son premier combat « économique », sera pour s’emparer de la Scac (Société commerciale d’affrètement et de combustibles), premier transitaire maritime et aérien français, dont il achètera « en douce » 51 % des parts au groupe Suez via son parrain dans le milieu Antoine Bernheim. Après l’acquisition, il éjecte le président et remercie les principaux cadres ! Puis il s’empare de la société Delmas-Vieljeux, premier armateur privé français, qui possède une importante flotte de bateaux pour le transport de marchandises du Sud vers le Nord et dont les 55 bateaux sont immatriculés aux Bahamas et aux Kerguelen. Face à une forte résistance, il réussira à convaincre les différents actionnaires de venir avec lui, dont le principal est Claude Bébéar qui détient 34 % de Delmas-Vieljeux. Toutes ces entités de transport terrestre, aérien et maritime sont regroupées aujourd’hui sous le nom de SDV (Scac-Delmas-Vilejeux). (En juillet 2005, Bolloré a revendu sa compagnie Delmas à l’armateur CMA-CGM).
Mr Bolloré a ensuite racheté la banque Rivaud, dite banque du RPR, qui se trouve sous la juridiction du Vanuatu, paradis fiscal et qui selon les estimations représentait 10 milliards de francs en 1990. Au départ une simple exploitation coloniale d’hévéas en Malaisie, cette banque est devenu le lieu de tous les blanchiments d’argent dans les relations étroites franco-africaine, ou plutôt RPRo-africaine. Tout ceci grâce à un système de sociétés écrans créé à travers elle comme Vidaur ou Dauvir (anagramme). C’est cette même banque qui a été au milieu de nombreux scandales concernant les HLM de la ville de Paris, les comptes de campagne de Mr Chirac, etc. L’enquête révéla alors le circuit du blanchiment d’argent (par la Suisse et le Panama), mais tout cela se termina par un non lieu pour sauver les intérêts de la république... bananière !
Au cœur des affaires politiques de la France, Mr Bolloré a donc toujours eu une certaine influence sur nos hommes politiques, et il n’est en cela rien d’étonnant que Mr Sarkozy lui ait rendu visite à Malte ces derniers jours. L’Afrique française change de main (de Chirac à Sarkozy) et c’est Bolloré qu’il faut consulter pour savoir au mieux comment sauvegarder nos intérêts à l’étranger.
Prenons le cas du Cameroun où les sociétés françaises réalisent 80 % de leur chiffre d’affaire dans la filière bois. Le groupe Bolloré dirige le consortium qui exploite des chemins de fer par la société Camrail. Il détient également 3 sociétés intervenant dans l’exploitation et le transit de bois : La forestière de Campo (HFC), la Sibaf ( Société industrielle des bois africain), appartenant avant au groupe Rivaud, et la Société d’exploitation des parcs à bois du Cameroun (SEPBC). Ajoutons à cela des plantations de palmier à huile et d’hévéas (Safacam et Socapalm). Et pour finir le groupe intervient aussi dans l’industrie de la cigarette, le traitement du café et du cacao et la logistique pétrolière.
La liste des activités de Monsieur Bolloré est longue et disons-le, pas très honorable. Mais dans la jungle financière actuelle, la France et Nicolas Sarkozy ont décidé de jouer dans cette règle du jeu, c’est-à-dire la loi du plus fort. C’est ce type de politique qui a fait de l’Afrique ce qu’elle est aujourd’hui, un continent soumis et détruit. Aujourd’hui aux mains des grands financiers à qui nous devons « rembourser la dette », la France subira le même destin.