Le 9 juin 2008 (Nouvelle Solidarité) — Au cours de sa visite à Berlin le 5 juin (son premier voyage diplomatique dans un pays occidental depuis son arrivée au pouvoir), le président russe Dmitri Medvedev a présenté une proposition pour une conférence sur la sécurité européenne et pour un nouveau traité, auquel chaque pays participerait à titre individuel et non en tant que bloc. Medvedev a déclaré vouloir « briser le cercle vicieux d’une action-réaction unilatérale », à l’exemple de sujets d’actualité comme l’indépendance du Kosovo, l’expansion de l’OTAN et le système de défense anti-missiles. Les Etats-Unis et le Canada y seraient aussi admis.
Le Kremlin a publié de son côté une courte déclaration sur cette initiative de sécurité européenne. « Le Président de la Russie a suggéré le développement d’un traité juridiquement contraignant sur la sécurité européenne. (....) Il a proposé d’organiser un sommet paneuropéen qui pourrait lancer le processus. (...) [il] a souligné qu’il est dans l’intérêt national de chaque Etat de participer directement à cette tâche, en prenant soin d’éviter toute approche de "bloc" et toute considération idéologique. »
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand, Martin Jaeger, a annoncé que Berlin étudierait de près cette proposition.
La « réconciliation historique » russo-allemande, a déclaré Medvedev, est historiquement aussi importante que le fut la réconciliation franco-allemande, même si ce fait n’est souvent pas reconnu. Le concept de sécurité cher à Medvedev s’appuierait sur les principes établis par « les fondateurs des Nations unies » (à l’initiative de Franklin Roosevelt), s’appuyant sur une coopération entre nations sur un pied d’égalité.
Avec la fin de la Guerre froide, a déclaré Medvedev, l’OTAN est obsolète : « J’ai la conviction que l’atlantisme comme seul principe historique appartient au passé. Nous avons besoin de parler aujourd’hui d’unité au sein de la région euro-atlantique dans son ensemble, de Vancouver à Vladivostok. »
Depuis la fin de la Guerre froide, « l’OTAN n’a pas réussi à justifier son existence par un nouvel objectif », mais tente au contraire d’en trouver un « en globalisant sa mission, au détriment même des prérogatives de l’ONU ». Si l’OTAN s’étend plus à l’Est, mit-il en garde, sa coopération avec la Russie, notamment ses opérations antidrogue et antiterroristes en Afghanistan, « sera complètement sapée et ruinée pour un long moment ».
Medvedev ajouta une autre initiative à son agenda le 7 juin, en inaugurant le douzième Forum économique international à Saint-Pétersbourg, où il proposa une conférence internationale pour « réformer l’architecture financière globale ». Il prit note du désastre total du système existant, qui n’a pas été en mesure d’empêcher la pire crise économique depuis la Grande dépression et qui a créé, de plus, une crise alimentaire mondiale et l’appauvrissement d’une bonne partie de la population mondiale.
Si Lyndon LaRouche a salué le fait que Medvedev ait reconnu la nature « systémique » de la crise actuelle (le dirigeant russe a utilisé ce terme à propos du rôle des contrats de produits dérivés dans la flambée des prix de la nourriture et des matières premières), il estime cependant que ses propositions sont, par ailleurs, mauvaises, car elles ne visent qu’à réformer le système désastreux actuel.
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