par Christine Bierre
Dans son discours annuel devant l’Assemblée fédérale (parlement) de Russie, le président russe Dimitri Medvedev a évoqué certains des thèmes cruciaux qui se trouvent au cœur de la nouvelle collaboration entre la Russie et la Chine. Ces thèmes ouvrent aussi la perspective pour la Russie de jouer un rôle clé dans ce que Lyndon LaRouche a identifié comme une alliance de quatre puissances pour mettre en échec l’oligarchie financière mondiale basée à la City de Londres. Pour Lyndon LaRouche, ce discours est parfaitement cohérent avec les récents accords signés par la Russie et la Chine.
Tout au long de son discours, Medvedev a mis l’emphase sur la nécessité pour les Russes de réduire leur dépendance envers l’exportation des matières premières et de fonder leur économie sur l’innovation scientifique et la haute technologie. Il a d’ailleurs annoncé tout un train de mesures destinées à inciter les savants russes partis à l’étranger à revenir au pays. Dans ce contexte, il a mis à l’honneur notre Louis Pasteur, source d’inspiration d’ailleurs du grand savant russe Vernadski, pour qui « la science doit incarner la patrie dans sa forme la plus élevée, car, de tous les peuples, celui qui sera le premier sera celui qui dépassera les autres dans les domaines de la pensée et de l’activité mentale ». Nous devons nous assurer que les spécialistes de la science voudront venir travailler dans notre pays, a dit Medvedev.
La Russie doit se donner de nouveaux défis, a-t-il souligné. « Le prestige national et la prospérité ne peuvent se fonder éternellement sur les accomplissements du passé. Le pétrole et la production de gaz qui fournissent une partie importante de notre revenu budgétaire, les armes nucléaires garantes de notre sécurité, les infrastructures industrielles et celles des communes – tout ceci a été dans une large mesure crée par les spécialistes soviétiques. En d’autres termes, nous ne les avons pas créés nous-mêmes. Le temps est venu pour que nous, la génération actuelle des Russes, fassions entendre nos voix et élevions la Russie à un niveau supérieur de civilisation. Le bien-être de la Russie dans le futur proche dépendra de sa capacité à développer les idées, la connaissance et la science ; à trouver et à soutenir les personnes qui sont créatives et à élever les jeunes, dès leur plus jeune âge, à être intellectuellement libres et actifs. »
Medvedev a reconnu la responsabilité de l’élite russe face aux dégâts provoqués par la crise systémique mondiale dans le pays. « La crise financière globale a affecté tout le monde, mais la Russie a connu une chute économique encore plus sévère que la plupart des pays. Cependant, nous ne devrions pas blâmer uniquement le monde extérieur pour cela. Nous devons reconnaître que nous n’avons pas fait assez ces derniers temps pour résoudre les problèmes que nous avons hérités du passé. Nous ne nous sommes pas libérés d’une structure économique primitive et d’une dépendance humiliante sur les matières premières. (…) La crise a certainement rendue la solution de ces problèmes plus difficile. Elle nous a obligés à concentrer nos efforts dans la résolution de son impact négatif, en allant puiser dans les réserves substantielles que nous avions accumulées par notre dur travail. (…) »
La situation financière s’est quelque peu stabilisée, poursuivit-il dit, tout en soulignant que « ce renouveau d’activité des marchés est encore très faible et instable » et que « la chose la plus dangereuse que nous puissions faire serait de commencer à nous dire que tout va bien. Nous devons poursuivre le programme anticrise et être prêts à agir vite pour adopter des mesures supplémentaires ».
« Nous avons le devoir d’assumer les leçons des événements récents », a insisté Medvedev. « Tant que les prix du pétrole augmentaient, beaucoup (presque la plupart d’entre nous, soyons honnêtes) sont tombés dans l’illusion que les réformes structurelles pouvaient attendre et que ce qui importait était de maximiser ces prix élevés. (…) Mais nous ne pouvons plus tarder. Nous devons commencer la modernisation et l’amélioration de notre secteur industriel dans son ensemble. Il en va de la survie de notre pays dans le monde moderne. »
Le Président russe annonça ensuite cinq priorités pour la nation, fondées sur ces préoccupations. Parmi les premières, il plaça l’amélioration du secteur médical et l’accès aux soins pour tous les Russes. Rappelant les graves problèmes démographiques que la Russie a connus depuis la chute du Mur, Dimitri Medvedev se félicita du fait qu’en août de cette année, pour la première fois depuis quinze ans, la population russe avait crû de mille personnes, en termes absolus, grâce au nouveau projet de santé et à l’application de la nouvelle politique démographique.
Parmi les autres secteurs prioritaires, l’énergie, les technologies de l’information, le développement de l’espace et du système de télécommunications.
« D’ici 2014, nous aurons des réacteurs d’une nouvelle génération et du combustible nucléaire pour répondre non seulement à la demande russe mais aussi à celle des marchés étrangers. Les développements dans le nucléaire seront activement étendus à d’autres domaines également (surtout à la médecine), à la production de combustible hydrogène et aussi à la création de propulseurs pouvant assurer des vols spatiaux et même vers d’autres planètes.
« Nous allons jouer une part active dans le projet international pour développer la fusion thermonucléaire car le futur repose sur ces technologies. Etant membres du club de l’élite qui a développé l’énergie nucléaire, nous travaillerons ensemble avec nos partenaires étrangers pour ouvrir l’accès à ce qui est pratiquement une source illimitée d’énergie. »
Autre priorité avancée par Dimitri Medvedev : l’espace, où la Russie annonce sa volonté de retrouver sa place de leader alors qu’elle est tombée à la 63ème place, au niveau de son infratructure dans le domaine des communications !
Voici donc un projet qui devrait susciter une réflexion importante dans tous ces pays qui, comme le nôtre, ont pris la décision de sortir de la crise en se projetant dans une croissance verte, se limitant ainsi à créer des emplois au rabais, n’ayant pas ou peu d’effet d’entraînement sur l’ensemble de l’économie et encore moins sur le futur. A moins, bien sûr, de vouloir nous retrouver à brouter dans les champs, dans cette France bucolique à laquelle l’oligarchie financière veut nous cantonner depuis longtemps, pendant que d’autres grandes nations prennent leur envol !
Vidéo : Le Dollar-crédit et l’Alliance des quatre puissances
# petite souris
• 19/11/2009 - 19:47
Le bien-être de la Russie dans le futur proche dépendra de sa capacité à développer les idées, la connaissance et la science ; à trouver et à soutenir les personnes qui sont créatives et à élever les jeunes, dès leur plus jeune âge, à être intellectuellement libres et actifs.
J’aurais aimé que le Président de la France prononçât ces paroles !
Mais je ne rêve plus ... l’europe de Lisbonne !!!....
Liberté, Egalité, Fraternité : où êtes-vous ?
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# vivifi
• 16/11/2009 - 20:13
Enorme contraste avec La Libre (Belgique) qui parlait d’un discours convenu et évitant les questions qui fâchent.
Qui est le plus proche de la réalité ? moi je sais
# Rabelec
• 19/11/2009 - 16:13
Et bien, aujourd’hui, si vous n’êtes pas paresseux, vous pouvez trouver l’intégral de tous les discours de politiciens important de gouvernement qui ont assez d’argent pour avoir un site web et chercher le dit gouvernement sur un moteur de recherche.Lire les analyses et l’original, toujours un bon exercice !
http://eng.kremlin.ru/speeches/2009/11/12/1321_type70029type82912_222702.shtml
Au Canada, dans la Presse, ont disait simplement qu’il aurait fait une profession de foi au « libéralisme économique » et qu’il répétait constamment qu’il devait fair le pays plus concurentiel et plus efficace... Rien sur le dirigisme de l’état pour promouvoir la science, rien sur le nucléaire, rien sur la médecine, rien sur le spatial... vivre la désinformation !
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# milf751
• 17/11/2009 - 12:24
Attention j’ai toujours cru que les Russes seraient un contre-pouvoir au totalitarisme financier, mais finalement notre cher Medvedev a présenté une pièce de la future monnaie mondiale, donc il est aussi pour le "nouvel ordre mondial"...
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