15 septembre 2008 (Nouvelle Solidarité) — Une page consacrée à la candidature du républicain John McCain révèle l’inquiétude suscitée par le colistier de Sarah Palin.
Pour sa part, « Sarah Barracuda », lorsqu’elle s’est finalement prononcée sur des questions de politique étrangères n’a pas fait dans le détail. Devant « l’agression russe en Géorgie », elle n’a pas hésité à déclarer sur la chaîne de télévision ABC que « Peut-être bien, oui. Peut-être faudra-t-il une guerre contre la Russie. Je veux dire qu’ilexiste un accord au sein de l’OTAN, si un autre pays membre est attaqué, il faut s’attendre à être mobilisé ».
Si son expérience n’est pas meilleur que celle de Barack Obama (elle s’est procuré un passeport il y a un an et n’a quitté que quatre fois les Etats-Unis), elle défend bec et ongles l’opportunité d’une adhésion rapide de la Géorgie et de l’Ukraine à l’OTAN. Selon Justin Vaisse, chercheur au Hudson Institute, Palin n’a fait que consulter les fiches fournies par les experts du staff de campagne de McCain.
{}
« C’est une personne qui débarque, qui vient du fin fond de l’Alaska » renchérit le député français Pierre Lellouche, ancien président de l’assemblée parlementaire de l’OTAN. Mais, rajoute le Journal de Dimanche, ces explications sont d’autant plus troublantes : si Palin n’a fait que lire ses fiches, alors, c’est l’inspiration même de la campagne McCain qui est belliqueuse !
Le correspondant du JDD complète le tableau avec une petite enquête sur l’International Republican Institute dont McCain est le président. Fondé en 1983, l’IRI est « chargé de promouvoir la démocratie dans le monde. Supervision d’élections, soutien à des groupes d’opposition, formation de candidats et séminaires sur les institutions démocratiques font partie de ses activités dans une soixantaine de pays. » (…) « Pourtant, l’IRI a servi certains intérêts américains aux dépens des idéaux démocratiques. Comme en 2002, lors du coup d’Etat manqué contre Hugo Chavez au Venezuela, quand l’IRI avait fait passer de l’argent des Etats-Unis aux putschistes. ‘Je me suis excusé à plusieurs reprises pour cette intervention’, a déclaré aujourd’hui Lorne Craner, directeur de l’Institut. » Et ce fut également le cas en Haïti, lors du soulèvement contre Jean-Bertrand Aristide.
Autre région ciblée par l’IRI : les pays de l’ex-Union Soviétique. L’IRI a financé la révolution au Kirghistan et vient en aide aux opposants de Biélorussie, ce qui irrite fortement Moscou. Cette dernière dénonce l’OSI de Georges Soros, le National Democratic Institute (NDI) et l’IRI de John McCain.
Pour le JDD, l’IRI est traversé de luttes d’influences entre « modérés » et « faucons ». Mais le chairman McCain, poursuit le journal, serait du côté des faucons ! Si George Bush a déclaré « Quand je vois Poutine, je vois son âme », McCain a rétorqué « Quand je vois Poutine, je ne vois que trois lettres : KGB ».
Le journal rappelle aussi que l’actuel coordinateur de la politique étrangère de McCain s’appelle Randy Scheunemann, lui aussi membre de l’IRI. Défenseur farouche de l’expansion de l’OTAN, Scheunemann présidait jusqu’à peu la société Orion Strategies, une entreprise qui compte parmi ses clients le gouvernement géorgien de Mikhaïl Saakachvili…
Pour creuser le sujet : focus