Le 23 mars 2008 (Nouvelle Solidarité) — Un article intéressant de Rue89 soulève un coin du voile sur la véritable identité de John McCain, à présent le candidat officiel du parti républicain pour les élections présidentielles américaines d’octobre et qui, notons le, dispose selon les sondages outre-atlantique d’une avance de 20% sur le démocrate Barack Obama.
De retour d’un voyage qui l’amena d’Irak en France, en passant par la Jordanie et l’Angleterre, Mc Cain semble avoir réussi à surmonter sa haine de la France, un pays qu’il caricaturait comme « une actrice vieillissante des années 1940 qui pensait qu’elle pouvait toujours se faire inviter à dîner sans réaliser qu’elle n’avait plus le visage adéquat ». Ainsi, après un dîner destinés à lever des fonds [de fundraising] et une rencontre avec Gordon Brown à Londres, McCain fut l’ôte de Nicolas Sarkozy à l’Elysée.
Selon Rue89, l’homme qui a fait changer le regard de McCain sur la France est l’ancien ambassadeur français à Washington Jean-François Levitte, actuellement l’un des conseillers principaux de la présidence française. « Il assiste, dans le public, à une émission du journaliste américain Ted Koppel consacrée à la perspective d’une entrée en guerre contre l’Irak. John McCain est là sur le plateau, dans le camps des faucons. A la fin de l’émission l’ambassadeur Levitte l’attrape : ‘You’re my American hero !’. [Vous êtes mon héro américain], lui dit-il”
Levitte séducteur réussi à convaincre McCain de devenir membre du “French Caucus”. McCain accepte d’adhérer au groupe parlementaire francophile, sous condition que cette adhésion ne soit pas rendue publique. L’Amérique de l’époque, après le veto français contre la guerre, sombre dans le french-bashing et débaptisera les « french fries » [frites] de la cafétéria du Congrès en « freedom fries » [frites de la liberté].
Matt Welch, l’auteur d’une biographie du candidat McCain admet que « son sentiment anti-français est un peu irrationnel. »
En tout cas, Levitte revoit McCain en 2006 et lui dit, selon Rue89, « que ça l’ennuie que l’homme qui sera le prochain président des Etats-Unis ait la réputation de ne pas aimer la France ». McCain lui demande alors de l’inviter en France et quand Sarkozy est élu président de la République, McCain affirme « tout peut arriver, la preuve, il y a un président pro-américain en France », parce que pour lui, Sarkozy est « le français le plus pro-américain depuis Lafayette ».
Si Sarkozy, en passant ses vacances au New Hampshire avec la famille Agostinelli, grande mécène de la campagne de Rudolph Giuliani, semblait vouloir s’associer avec ce candidat, les cartes ont été redistribuées.
Malheureusement Rue89 omet de dire que McCain, dans un article paru dans Le Monde cette semaine, ne cache pas son impatience devant l’idée que la France puisse réintégrer le commandement intégré de l’OTAN, élément clef dans le projet « libéral impérial » de Robert Cooper visant à fusionner l’OTAN et l’UE dans une force de frappe impériale.
Cela ne devrait pas étonner grand monde quand on sait que le conseiller principal de McCain est Robert Kagan, l’un des pires néo-conservateurs à l’origine du Projet pour un nouveau siècle américain (PNAC) et que sa femme est Victoria Nuland, l’ambassadrice américaine auprès de l’OTAN à Bruxelles, qui ne cesse d’inciter la France à envoyer plus de troupes dans ce que nos militaires appellent le « merdier ingérable » d’Afghanistan.
Pourtant, l’hebdomadaire Marianne rapporte que Kagan lui-même aurait confié au Financial Times que « Les conservateurs traditionnels craignent, avec raison, qu’une politique étrangère de grandeur entraînera plus d’Etat. » Selon cette logique le magazine conservateur traditionnel Human Events dénonce McCain et ses défenseurs comme ceux qui « prétendent croire en des idéaux conservateurs, mais n’hésitent pas à les accomplir à travers des moyens gauchistes, à savoir plus d’Etat. » Quelle horreur !{}