8 août 2009 (Nouvelle Solidarité) – Le Africa Rice Center de Cotonou au Bénin rapporte que, après la hausse brutale du prix des denrées alimentaires qui a provoqué des émeutes dans plusieurs villes au début 2008, plusieurs pays membres de l’African Rice Center, un organisme inter-gouvernemental fédérant vingt-trois pays africains producteur de riz, ont réussi, grâce à des politiques de soutien public, à accroître de 18% en moyenne la production du riz en 2008 par rapport à 2007.
L’appel de Mme Helga Zepp-LaRouche à doubler la production alimentaire mondiale à cette époque avait également contribué à catalyser les énergies pour « dé-mondialiser » la production agro-alimentaire en revenant aux méthodes économiques dirigistes qui ont fait leurs preuves depuis la politique du ministre de l’agriculture de Franklin D. Roosevelt, Henry Wallace, transposée dans l’après-guerre à travers la « Révolution verte » au Mexique et en Inde, et intégrées dans les principes fondateurs de la politique agricole commune (PAC) en Europe.
Le Burkina Faso, un pays durement frappé par les émeutes alimentaires, rapporte une hausse de 241% de sa production de riz en 2008 par rapport à 2007. Pour la FAO, ce sont les politiques de soutien public qui ont permis ce retournement de situation, notamment en assurant l’accès aux intrants et aux semences de haut rendement, y compris des nouvelles variétés développées par l’Africa Rice Center.
Le Sénégal, huitième importateur mondial de riz, a également accru sa production de 90% en 2008 grâce à une initiative présidentielle qui a mis en place un système de distribution permettant aux producteurs de riz un accès facile aux intrants, aux semences de bonne qualité et aux engrais. D’autres pays producteur rapportent également des taux de croissance à deux chiffres de leur production, notamment le Mali, le Bénin, le Nigeria, le Ghana, la Cote d’Ivoire, la Guinée et l’Ouganda.
A Paris, un spécialiste nous confiait que ces chiffres nécessitent confirmation car une telle hausse de la production aurait du provoquer une baisse des prix, ce qui n’a pas eu lieu pour l’instant. Cependant, disait-il, la réalité d’une hausse massive de la production est indéniable. Les gouvernements africains, suite aux émeutes, y ont « mis le paquet ». Ils ont entrepris d’énormes efforts pour inciter les paysans à produire en leur fournissant les outils adéquats. Même si cela ne plaisait pas tellement au FMI et à la Banque mondiale, les Etats ont dépensé sur leurs fonds propres y compris en creusant les déficits. Si d’autres ont le droit de provoquer des déficits pour sauver leurs spéculateurs, pourquoi les pays africains n’auraient-ils pas le droit d’en faire autant pour se nourrir ? Pourtant, subventionner l’agriculture est toujours considéré par Washington comme un crime, disait-il. Les fondations charitables, tel que la Fondation Bill et Melinda Gates ou George Soros, qui arrosent l’Afrique de quelques bourses pour former des généticiens, ne sont nullement à l’origine du miracle actuel.
A Cotonou, une étude de l’African Rice Center démontre qu’en principe l’Afrique peut devenir un exportateur net de riz. En augmentant de 15% les surfaces cultivées et en améliorant les rendements encore bas, l’Afrique pourra offrir 5 millions de tonnes sur les marchés internationaux. Le Centre lance également un appel aux gouvernements à améliorer l’aménagement des ressources en eau pour augmenter la productivité du riz. D’après la FAO, l’Afrique n’utilise que quatre pourcent de ses ressources en eau renouvelable. L’irrigation pourrait multiplier trois à quatre fois la productivité actuelle obtenue grâce à une bonne pluviométrie.
Le développement des routes et des sites de stockage pourrait également réduire les pertes post-récolte actuellement de l’ordre 40 à 60%. Des subventions ciblées vers des innovations technologiques seront également cruciales dans la valorisation réaliser du potentiel agricole du continent. Les rendements actuels de la production rizicole ne sont que d’un tiers de ce qu’ils pourraient être si toutes les technologies qui y étaient appliquées.
Vidéo :
— L’avenir du monde est en Afrique
— L’agriculture avec les yeux du futur
Article :
— De Henry Wallace à la Révolution verte : la science de nourrir l’humanité
# Anne Marie Daniel
• 09/09/2009 - 10:22
Bravo, que ce vaste continent puisse prouver qu’il est capable de s’en sortir et casse ainsi l’image d’un continent obligatoirement assisté et vivant d’aides/aumônes qui ne font que valoriser les pays dominants qui l’exploitent honteusement et depuis toujours.
CEPENDANT ! Mais qu’en est-il du rapport environnement/agriculture productivitste ? nous avons vu le Vietman devenir exportateur de riz, il y a une quinzaine d’année mais les bilans écologiques ont été très vite très inquiétants : pollution par pesticides et engrais, état de santé des agriculteurs/utilisateurs de ces produits... en fait la répétion de nos erreurs. MAIS RESTENT TOUS LES PROGRES POSSIBLES liés à gestion de l’eau, techniques de culture, outillage, stockage, intrants réfléchis et en lien avec l’objectif d’un développement durable de l’agriculture.
BRAVO, de savoir tourner le dos aux injonctions du FMI/Banque Mondiale.
Répondre à ce message
# bigardz
• 09/09/2009 - 00:42
Et ben ça ! Quelle agréable surprise !
Voilà une super bonne nouvelle qui fait rudement chaud au coeur !
Mais vraiment chaud au coeur.
Répondre à ce message
# petite souris
• 08/09/2009 - 19:04
Augmenter la production de riz en Afrique jusqu’à l’exportation est faisable.
Alors que font les organismes internationaux, les ONG qui s’occupent officiellement de ce problème, les pays occidentaux qui, à les entendre, veulent développer l’Afrique pour que les africains y restent, et surtout la France qui dit tout faire pour le développement de ses anciennes colonies ?
Où sont les plans et le financement de la remise en eau du lac Tchad, et des différents systèmes d’irrigations ?
C’est faisable et personne n’aide ?
Là, je ne comprends plus du tout !!!
Mais il est vrai, que petite souris je suis, et donc pas malthusienne pour deux sous.
Répondre à ce message