Paris, le 28 mai (Nouvelle Solidarité)—Grandes manœuvres au Liban à moins de deux semaines des élections nationales dont tout le monde s’accorde pour dire qu’elles seront une victoire pour l’opposition composée du Courant Patriotique Libre (CPL) du Général Aoun, du Hezbollah de Hassan Nasrallah et du parti Amal de Nabih Berri.
Des sources américaines rapportent que face à une victoire qui apparaît comme inévitable, les Etats-Unis chercheraient, dans cette dernière ligne droite, à limiter cette victoire au maximum, afin de pouvoir encore jouir d’une marge de manœuvre dans le pays après les élections. Voilà ce qui expliquerait les va-et-vient incessants des autorités américaines au Liban.
En effet, comme le souligne Scarlett Haddad, dans un article bien renseigné paru aujourd’hui dans le principal journal francophone du Liban, l’Orient le Jour, ces dernières semaines on a vu défiler au pays, cinq très hauts responsables de la politique américaine : le sous-secrétaire d’Etat chargé du Moyen Orient, Jeffrey Feltman, le sous-secrétaire adjoint l’Asie et le Proche-Orient, David Hale, la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, le commandant des forces américaines et de l’OTAN en Afghanistan, David Petraeus et dernièrement le vice-président, Joseph Biden.
Haddad cite une source de l’opposition libanaise qui estime que les Etats-Unis envisagent désormais une victoire de l’opposition mais se battent pour peser sur les choix des ministres de la Défense et de l’Intérieur dans le gouvernement issue de ces élections. Selon cette source : « Joseph Biden aurait déclaré ouvertement que la position de son administration dépendra de la politique du gouvernement qui se mettra en place après les élections » ce qui veut dire, en gros, que la « victoire de l’opposition est envisagée et pourra ne pas provoquer une attitude hostile de la part de l’administration américaine, si le gouvernement qui sera formé répond aux attentes américaines. La même source croit savoir que les américains souhaiteraient d’ores et déjà que les portefeuilles sécuritaires, notamment celui de la Défense et celui de l’Intérieur, soient accordés à des personnalités proches d’eux, et en tout cas n’appartenant pas à l’opposition. Apparemment, les États-Unis accorderaient une grande importance (…) au rôle que devrait jouer l’armée libanaise dans la période à venir. C’est la raison pour laquelle le ministre de la Défense a effectué une visite à Washington, suivi de près par le commandant en chef de l’armée. De plus, le vice-président américain a prononcé au cours de sa visite rapide à Beyrouth un discours remarqué au sujet de l’armée. Il s’agissait, révèlent les milieux de l’opposition, d’influer sur l’opinion des indécis chrétiens qui représentent entre 7 à 10% des électeurs de cette communauté et qui sont généralement favorables à l’armée. Ils pourraient ainsi être impressionnés par les aides américaines promises. La question, selon ces milieux, est de savoir quel genre d’armes les États-Unis comptent fournir à l’armée et à quelle mission cette dernière est destinée. »
Ces mêmes milieux de l’opposition soulignent que tout ce manège « provoque l’inquiétude des autorités syriennes et iraniennes qui se demandent si ces attentions ne sont pas destinées à contrôler l’armée libanaise et à la pousser à affronter le Hezbollah, ou en tout cas à changer d’idéologie. »
Du côté anglais, on joue comme d’habitude double ou triple jeu. D’un côté, l’Angleterre a établit des relations avec la branche politique du Hezbollah, mais de l’autre, ses porte-flingues sont à l’origine du tuyau crevé publié par le site on-line de l’hebdomadaire allemand, Der Spiegel, selon lequel le Tribunal de l’ONU qui enquête sur l’assassinat de Rafik Hariri s’orienterait désormais vers la piste du Hezbollah !
Rappelons que c’est à l’initiative des autorités de l’occupation anglaise en Allemagne, après la deuxième guerre mondiale, que Der Spiegel a été crée, et qu’elles en ont confié la rédaction de la revue à Rudolf Augstein qui l’a assurée jusqu’à sa mort en 2002. Depuis le début, la revue s’est spécialisée dans les opérations d’intox contre tout ce qui pouvait contribuer à l’indépendance de l’Allemagne, servant ainsi l’oligarchie financière basée à la City de Londres et ses alliés aux Etats-Unis. C’est elle qui créa les conditions de la chute de Konrad Adenauer en 1963, privant ainsi Charles de Gaulle d’un allié de choix lui permettant de faire obstruction aux offensives de l’oligarchie anglo-américaine à l’échelle internationale.
Depuis la mort d’Augstein, 25% du capital de l’hebdomadaire serait passé à la Fondation Bertelsmann, puissant lobby financier outre-Rhin qui milite depuis 2004, comme le souligne Pierre Hillard dans son dernier ouvrage (Bertelsmann : Un empire des médias et une fondation au service du mondialisme), pour la création d’un grand marché supranational transatlantique, qui mettrait fin au peu qui reste de souveraineté aux nations européennes actuellement.
Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a dénoncé la gravité des accusations portées contre son mouvement. « L’article de Der Spiegel est très, très, très dangereux », a-t-il déclaré au cours d’un rassemblement à l’occasion du 9e anniversaire du retrait israélien du Liban-Sud, en 2000. Nasrallah a averti qu’il s’agissait d’un nouveau complot visant à « créer la dissension » au Liban car il revient à dire aux sunnites « que ceux qui ont assassiné votre leader, ce sont les chiites et le Hezbollah en particulier, et que votre vengeance et votre guerre doivent donc être dirigées contre eux ».
La ficelle était tellement grosse, que même Walid Joumblatt, le chef de la communauté druze, un des alliés de la coalition pro-américaine du 14 mars, a mis en garde contre toute tentative de manipulation politique du Tribunal Spécial qui pourrait créer la « dissension » au Liban.
# wahdou
• 28/05/2009 - 13:51
Nous assistons tous les jours à la chute inéluctable et irréversible des américains, des européens ( et d’autres encore )au moyen orient. Ils ne tirent meme pas les leçons de leurs débacles dans la région. Bien sur ils ont provoqué d’enormes dégats mais leur déclin est encore plus rapide, et ce n’est pas fini.
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