27 septembre 2007 (Nouvelle Solidarité) - A la veille de l’adoption du projet de budget 2008, le gouvernement italien s’inquiète soudain du recours massif de ses provinces aux produits dérivés, en particulier des « swaps ». Ces trois dernières années, régions, provinces et même des communes moyennes se sont allègrement endettées à des conditions « aujourd’hui jugées prohibitives et dictées par les grandes banques », selon le correspondant du Figaro.
L’observatoire de la finance public de la faculté d’économie Bocconi de Milan (OCAP) affirme que, sur un stock d’emprunts de 130 milliards d’euros représentant environ 8 % de la dette publique italienne, les vingt régions d’Italie ont mis en place des opérations de « swaps » pour 35 milliards d’euros permettant de « transformer leur endettement à taux fixe, en une dette à taux variable ».
Une enquête très documentée d’Il Sole 24 Ore sur « le désastre des dérivés » évalue le volume des swaps souscrit en 2006 par les régions à 10,5 milliards d’euros tandis qu’il n’était de 1,4 milliards en 2000.
Le Figaro fait aussi état du fait que les banques internationales ont profité « de la candeur- pour ne pas dire complicité- des administrateurs locaux pour imposer des commissions draconiennes. » Le coût de la mise en place d’un swap varie de 0,3 à 0,4 % et les banques ont souvent imposées des clauses prohibitives « lors du passage du taux fixe au taux variable. » Dans le jargon du métier, elles s’appellent ‘sinking funds’, des provisions pour amortissements que la banque peut à son bon vouloir jouer sur le marché des obligations à haut risque, « coût et risque étant supportés par les collectivités locales. »
Pour ces derniers, le service de la dette explose et atteint 800 millions d’euros par an. Le professeur d’économie Fabio Amatucci, interrogé par Le Figaro, estime que « Deux raisons les ont incitées à se jeter sur de tels emprunts. Pour restructurer leurs prêts en une période qu’ils croyaient durablement propice au taux variable, et pour le faire hors de leur bilan, alors que leurs ratios d’endettement étaient déjà atteints. »
Tout cela nous permet d’avoir quelques doutes quand nous entendons dire que le bon sens et la raison cartésienne ont forcément mis la France totalement en dehors de telles pratiques ô si odieuses... Et si la France était en faillite ?