3 mai (Nouvelle Solidarité) – Dans une réponse indirecte au ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, faisant campagne en faveur de la Politique agricole commune (PAC), Martin Wolf, rédacteur au Financial Crimes, a appelé à nouveau, dans son éditorial du 30 avril, à un démantèlement de la PAC ou de tout autre mesure protectionniste. Dans une tribune titrant : « La crise alimentaire est une occasion de réformer l’agriculture au niveau mondial », Wolf écrit que « protection, subvention et tout autre folie de ce genre distordent l’agriculture plus qu’aucun autre secteur. Hélas, l’opportunité d’éliminer les protections à l’importation offerte par des prix mondiaux exceptionnellement hauts n’est pas saisie » car « des pays imposent des taxes à l’exportation à la place », provoquant ainsi une fragmentation de l’économie mondiale « intégrée ». « La crise actuelle est une opportunité en or pour éliminer ce fleuve d’interventions néfastes. »
Prenons en exemple un article du Gardian de novembre 2005 comme caractéristique de l’attrait britannique pour le libre-échange. Il fut publié un mois avant la réunion de l’OMC à Hong Kong et bien longtemps avant les émeutes de la faim : « Une chose simple que les pays riches pourraient faire pour aider ceux en voie de développement, serait de démanteler les subventions agricoles. Une telle réforme permettrait aux pays pauvres d’être compétitifs et ce de manière juste, dans des domaines où ils sont bons, tout en dégageant bien 380 milliards de dollars par an pour l’Occident, gâchés d’habitude en subventions et qui pourraient être investis dans d’autres choses. »
Ce que les Anglais pensent vraiment quand ils proposent de permettre aux autres pays d’« être compétitifs dans les secteurs où ils sont bons » équivaut en fait à un retour à l’esclavage impérialiste. Voyons la suite de ce même article de 2005 : « La question est simple : il est immoral et économiquement fou de donner (comme le font les Etats-Unis) de larges subventions aux agriculteurs pour cultiver du coton, une activité demandant beaucoup de main d’œuvre qui pourrait générer des millions d’emplois en Afrique… »
Donc, concluait le Guardian à l’époque, l’appel de Blair pour mettre en avant cette vérité est crucial, « au moment où le facteur principal qui freine le cycle de l’OMC » est « le refus du président français, Jacques Chirac »…