9 décembre 2008 (Nouvelle Solidarité) - Alors que le gouvernement du Zimbabwe annonçait son intention d’imprimer des billets de banque de 200 millions de dollars, les banquiers centraux des puissances coloniales qui ont poussé l’ancienne Rhodésie dans cette hyperinflation, prennent des mesures assurant que l’Europe et le reste du monde empruntent le même chemin. Le 4 décembre, la Banque centrale européenne (BCE) et la Bank of England (BoE) ont baissé encore une fois leurs taux d’intérêt, tout en annonçant qu’elles étaient prêtes à prendre d’autres mesures « reflationnistes », c’est-à-dire la planche à billets. C’est ce que certains cercles financiers britanniques appellent l’« option nucléaire ».
Avec une baisse d’1 %, le taux de la BoE a été ramené à 2 %, soit zéro de facto, compte tenu de l’inflation. La BCE a réduit son taux à 2,5 %, ce qui est nominalement au-dessus du taux d’inflation prévu pour la zone euro — mais d’un autre côté, ce serait bien la première fois qu’une prévision de la BCE s’avèrerai exacte. De plus, la Banque d’Angleterre a accompagné sa décision d’une déclaration affirmant qu’« il était improbable que l’on puisse rétablir un volume normal de prêts [bancaires] sans mesures supplémentaires ». Lorsque les taux d’intérêt arrivent à zéro, il ne reste plus que l’ « option nucléaire ». De même, le chef de la BCE, Jean-Claude Trichet, précisa à ce propos : « Nous examinerons ce qui est nécessaire à chaque période donnée. Si de nouvelles décisions sont nécessaires, nous les prendrons. »
La Banque d’Angleterre « envisage d’appuyer sur le bouton de la planche à billets, en suivant une politique d’assouplissement quantitatif », écrivait le Daily Telegraph du 6 décembre.
La faction défendant l’« option nucléaire » n’ignore pas que cette approche provoquera l’hyperinflation. Ambrose Evans-Pritchard, qui appelle au sauvetage du système, quel qu’en soit le prix, écrivait dans le Telegraph : « Cette politique laisse derrière elle un lac de liquidités. D’où le risque de voir le système inondé dès que les tuyaux du crédit seront débouchés. L’économie pourrait basculer abruptement de la déflation à l’hyperinflation. » Cependant, il y a longtemps que la Réserve fédérale a appuyé sur le « bouton nucléaire », rappelle Evans-Pritchard, « plus tôt la Banque d’Angleterre déchirera son manuel de règles et s’apprêtera à suivre le script de Bernanke, plus nous aurons une chance d’éviter un atterrissage en catastrophe ».
Peut-être qu’Evans Pritchard croit que l’hyperinflation augmentera aussi le tirage de son papier, mais dans le monde réel, l’hyperinflation conduit au chaos social et à la décomposition des Etats. Qui pourrait s’en réjouir ?
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