Dans la journée du 7 juillet, les grandes banques centrales et les ministères des Finances se sont pleinement mobilisés pour empêcher le système financier de sombrer après les attentats de Londres. On aurait notamment injecté des quantités impressionnantes de liquidités dans le système bancaire. Selon l’Observer du 10 juillet, tout au long de la journée, des membres d’un comité secret présidé par Andrew Large, directeur adjoint de la Banque d’Angleterre, ont tenu de nombreuses conférences téléphoniques pour déterminer s’il fallait ou non interrompre les transactions à la City.
Même le Neue Züricher Zeitung rapportait « des rumeurs [largement répandues] selon lesquelles des organismes gouvernementaux soutiennent les marchés ». Lors d’une conférence de presse le 7 juillet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, disait qu’il s’était entretenu avec le président de la Réserve fédérale Alan Greenspan, ainsi qu’avec le gouverneur de la Banque d’Angleterre Mervyn King, des conditions sur les marchés financiers. « Nous sommes alertes, nous sommes vigilants, nous surveillons toutes les évolutions », dit-il.
En route vers une conférence sur la réforme des retraites dans le Nebraska, le secrétaire américain au Trésor John Snow a annoncé qu’il avait eu un échange de vues avec le ministre britannique des Finances Gordon Brown et qu’il allait « rester en contact avec les dirigeants financiers internationaux. (...) Au département du Trésor, nous surveillons les marchés financiers ». Snow s’empressa d’ajouter, comme à chaque fois que les marchés connaissent des turbulences, que l’économie américaine était saine et résistante.
Le 7 juillet vers midi, alors que les marchés étaient sur le point de céder à la panique, l’« équipe de protection contre les plongées » fut activée. A ce moment-là, l’ensemble des Bourses européennes avait chuté d’au moins 3 %, le plus fort déclin en une journée depuis deux ans. Les actions des grandes compagnies d’assurance, comme Allianz et Munich Re en Allemagne, chutaient de plus de 5 %. La ruée sur les obligations gouvernementales, surtout les bons du Trésor américains, ont poussé leur rémunération à un niveau plancher. La livre sterling chuta comme jamais depuis 18 mois par rapport au dollar, qui, à son tour, faiblit par rapport à l’euro et au franc suisse. Le cours de l’or grimpa de plus de 5 dollars. Le prix du pétrole, qui, lors des premières cotations européennes, atteignait un nouveau record de 62,10 dollars le baril, connut une forte chute, de près de 5 dollars dans la journée, la plus forte en 14 ans.
Selon le Center for Economics and Business Research (CEBR) de Grande-Bretagne, la Banque d’Angleterre (BoE) pourrait tenir une réunion d’urgence comme elle l’avait fait après le 11 septembre. Le 7 juillet, la BoE maintint les taux d’intérêt à 4,75 %, tout en notant que, selon le CEBR, l’on devait s’attendre à une baisse des taux dans les jours prochains. Selon l’Observer, même avant les attentats, la BoE était sur le point de réduire les taux pour stimuler l’économie et la consommation, encouragée en ce sens par les industriels britanniques.
Un analyste financier de la City nous a confiés qu’à son avis, l’injection de toutes ces liquidités par les banques centrales n’aurait aucun effet à court terme. « Aujourd’hui, les conditions du système financier sont bien pires qu’en septembre 2001. La pression sur les marchés devrait revenir dès les jours prochains . »