13 mai 2008 (Nouvelle Solidarité) — Il a osé le dire ! Selon le Financial Times du 11 mai, le travailliste Alistair Darling, qui a remplacé Gordon Brown comme Chancelier de l’Echiquier, vient de lancer un appel pour la suppression pure et simple de la Politique agricole commune (PAC), une politique qui a donné depuis 1962 la sécurité alimentaire en l’Europe.
L’opposition hystérique des anglais à la PAC est un fait historique, mais la crise actuelle les porte à imposer leur idéologie à l’ensemble de la planète, c’est-à-dire à récréer leur empire.
Dans une lettre à ses collègues, Darling n’a pas hésité à affirmer que la politique agricole de l’UE est « inacceptable » et il exige que l’on supprime toute forme d’aide directe aux agriculteurs et toute régulation qui maintient les prix au-dessus des prix des marchés mondiaux. Pour Darling, ce n’est pas la spéculation sauvage qui aggrave le problème de la faim dans le monde, mais la PAC, une politique qu’il accuse, à tort, de coûter 1 milliard de livres supplémentaires au citoyen européen (privé de produits bon marché) et de pénaliser fortement le tiers monde (privé de marché rentable). Le Ministre va donc tenter de rallier à son projet les autres ministres des finances de l’UE, réunis cette semaine à Bruxelles pour la réunion de l’Ecofin, portant sur l’avenir du budget de l’UE.
Toujours selon le Financial Times, bien des gens à la Commission européenne partagent le point de vue de Darling. Pour eux, comme le formule Darling, ce sont « des marchés internationaux efficaces » et non pas le protectionnisme, qui permettent de garantir la sécurité alimentaire ; le succès des négociations lors du Doha Round de l’OMC (imposant toujours plus de libre échange) est la seule et la meilleure réponse.
Le Financial Times note que cet appel arrive au moment où la France et l’Allemagne, contrairement aux Anglais, défendent la PAC et le protectionnisme comme modèle pour surmonter la crise alimentaire, y compris ailleurs dans le monde.
Bien sûr, pour initier les gens au libre-échange, affirme Darling, il faut former les agriculteurs afin qu’ils puissent pleinement comprendre les secrets des marchés à terme et être en mesure de gérer les risques…
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