26 août 2008 (Nouvelle Solidarité) — Lors de la réunion internationale annuelle des dirigeants de banques centrales à Jackson Hole (Wyoming) le 22 août, le chef de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a affirmé que « le ralentissement de la croissance économique » favoriserait « un retour à la stabilité des prix » en réduisant l’utilisation des ressources ». Par conséquent, nul besoin d’augmenter les taux d’intérêt afin de calmer l’inflation, comme le réclame Lyndon LaRouche. Bernanke a également recommandé que le Congrès américain accorde davantage de pouvoir au département du Trésor (ministère des Finances) pour lui permettre de renflouer les établissements financiers non bancaires, ce dans le cadre d’une politique globale consistant à sauver les positions spéculatives « trop importantes pour tomber ».
Bernanke a néanmoins masqué ses intentions en parlant de « mesures permettant aux banques et aux autres institutions financières d’amoindrir leur effet de levier de manière plus ordonnée ». Faute d’adopter cette approche de « mesures régulatrices », dit-il, on s’expose à des « prises de risque excessif et à un plus fort risque systémique à l’avenir ».
La Banque centrale européenne ne s’est pas montrée plus raisonnable, en décidant notamment de renflouer la bulle immobilière espagnole à hauteur de quelque 50 milliards d’euros par mois – soit 11% des injections mensuelles totales de la BCE sur les marchés européens. Cette décision a suscité bien des inquiétudes, exprimées en particulier par le gouverneur de la Banque centrale néerlandaise, Nout Wellink, dans des propos cités par le quotidien financier Het Financieele Dagblad du 21 août. « Nous voyons s’accroître la dépendance des banques vis-à-vis des banques centrales, dit-il. Cette pratique a des limites. Il arrive un moment où l’on prend le contrôle des marchés. » Certaines banques espagnoles émettent des titres à la seule fin de s’en servir comme nantissement pour emprunter auprès de la BCE, comme l’écrivait le même jour le Daily Telegraph, confirmant ainsi une pratique dénoncée depuis plusieurs mois par EIR.
Fustigeant la politique de Jean-Claude Trichet, le directeur de la BCE, Lyndon LaRouche a ironisé que le nom de « Cliché » lui conviendrait mieux. « Le problème, c’est que l’euro s’effondre plus vite que le dollar, et Cliché essaie de le renflouer avec un seau sans fond. » Quant à l’Espagne, la gravité de sa situation se reflète dans le fait que le gouvernement a appelé, pour la première fois depuis la dictature de Franco, à une session extraordinaire pour convenir d’un « plan d’action » de 20 milliards d’euros, composé d’allègements fiscaux et d’octroi de crédits, dont quatre milliards pour le logement social et six milliards pour les petites et moyennes entreprises. Cela suffit à balancer par dessus bord le « pacte de stabilité » de la BCE, avec son plafond sur les dépenses publiques. La presse espagnole a indiqué que les banques auraient besoin de 62 milliards de plus pour honorer leurs échéances de fin d’année.
Un autre aspect de la crise se manifeste en Allemagne, où le gouvernement a décidé, le 20 août, que la Banque de reconstruction publique (KfW) céderait sa part majoritaire dans l’IKB (une banque qui est à deux doigts de la faillite depuis juin 2007) au célèbre fonds vautour Lone Star du Texas, pour la somme forfaitaire de 150 millions d’euros.
Dans la même édition du Daily Telegraph, Bernard Connolly, directeur de la stratégie chez AIG et eurosceptique notoire, lançait une mise en garde solennelle, affirmant que l’Union monétaire européenne risque l’implosion à moins que l’Allemagne ne consente un renflouement fiscal d’ampleur comparable aux réparations de guerre imposées au lendemain de la Première Guerre mondiale : « L’éclatement de la bulle du crédit de l’UME semble imminent et révélera combien les déséquilibres des comptes courants dans les pays membres de l’euro sont dangereux. A moyen terme, la viabilité de la zone euro sous sa forme actuelle est ouverte à des doutes considérables. »
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