10 juin 2008 (Nouvelle Solidarité) – Comme l’affirmait l’économiste américain Lyndon LaRouche vendredi, la prochaine banque qui coulera n’aura pas droit à un enterrement aussi sympathique que le banque Bear Stearns. Plus de budget ! Pendant que la presse financière se démène pour rassurer les acteurs des marchés financiers, en filigrane elle livre tous les éléments permettant d’entrevoir la faillite certaine de la quatrième banque de Wall Street : Lehman Brothers.
Aussi bien Les Echos que les pages économiques du Figaro répercutent la panique dans leurs titres : « Nouvelle secousse majeure dans la finance américaine » ou « Lehman Brothers joue sa survie en levant 6 milliards de dollars ». Le Figaro nous montre une photo du PDG de la banque avec le sous-titre : « engagé dans une course contre la montre dont l’enjeu n’est autre que la survie de la banque ».
Outre d’importantes dépréciations d’actifs (3,7 milliards de dollars) causées par la crise du crédit hypothécaire subprime, Lehman Brothers n’a pas seulement confirmé avoir enregistré de lourdes pertes de 2,8 milliards de dollars au deuxième trimestre, mais la elle a aussi réalisé des pertes dans ses activités de trading et donc de mauvais paris, et dans son métier de couverture.
La banque a déjà recapitalisé pour 5,9 milliards de dollars en février dernier et se trouve le dos au mur : la valeur de ses actions a chuté de 50% depuis le début de l’année, de 12% la semaine dernière et à nouveau de plus de 10% hier, à l’ouverture de la bourse de New York.
Personne n’est réellement convaincu que la banque puisse réunir les liquidités. Les Echos note que « Lehman Brothers n’a pas révélé le nom des investisseurs qui ont souscrit à l’opération… (…) Selon la presse américaine, ce seraient des investisseurs de renom. L’Etat du New Jersey pour les retraites de ses fonctionnaires, ainsi que CV Starr, un fonds monté par l’ancien patron de l’assureur AIG, Maurice Greenberg, auraient souscrit. »
« Au cours du trimestre écoulé, Lehman Brothers a subi des contre-performances sur ses opérations de couverture – notamment en raison des difficultés du "hedge fund" Peloton. Ses couvertures avaient jusqu’à maintenant permis de compenser les dépréciations d’actifs. Au total, depuis le début de la crise, la banque a déprécié 17 milliards, partiellement compensés à hauteur de 7,4 milliards par ses instruments de couverture. »
En d’autres termes, les paris spéculatifs qui permettaient de générer des liquidités pour colmater la brèche des subprimes ne furent pas les bons.
Jean-Marc Vittori, un des éditorialistes des Echos observe que le cas de Lehman Brothers révèle une réalité qu’on a voulu faire oublier : dans la crise financière, le pire reste à venir. Ainsi il écrit : « Parce que les acteurs des marchés financiers avaient fini par croire l’histoire qu’ils se racontaient depuis plusieurs semaines : en volant au secours de Bear Stearns, une banque au profil voisin de celui de Lehman, la Réserve fédérale et JP Morgan avaient mis un point final à ladite crise en mars dernier. »
Vittori note que « des rumeurs couraient depuis des mois sur ses difficultés à trouver de l’argent frais. Ces derniers jours, de grands établissements auraient décidé de lui fermer le robinet à liquidités… »
Les banques, constate-t-il, devraient retrouver leur métier de base : prêter de l’argent aux banquiers qui en ont tant besoin…
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