Le pape Jean-Paul II, le chancelier allemand Schröder, son prédécesseur Helmut Schmidt, les ministres français et allemand des Affaires étrangères Védrine et Fischer, le prédécesseur de ce dernier Klaus Kinkel, l’ancien Premier ministre italien Andreotti, le président de la Ligue arabe Amr Mussa et beaucoup d’autres ont exprimé leur grande inquiétude quant à la possibilité que la lutte anti-terroriste soit utilisée comme moyen de mettre en scène un « choc des civilisations » à l’échelle globale.
Ils font ainsi référence au scénario géopolitique élaboré par Samuel Huntington dans son livre de 1996 Le choc des civilisations et la refonte de l’ordre mondial, où l’on peut lire : « Il est probable que les premières années du XXIème siècle voient une résurgence de la puissance et de la culture non-occidentales, ainsi que le choc des peuples de civilisations non-occidentales avec l’Ouest et entre eux.
« Le choc des civilisations, ce sont des conflits tribaux à l’échelle globale », écrit Huntington. Les guerres futures seront menées entre les civilisations islamique, bouddho-confucéenne et occidentale. Il considère « la croissance démographique » comme une caractéristique des pays musulmans, qui enfantent des « recrues pour l’intégrisme, le terrorisme, l’insurrection et la migration ». Quant à l’Asie, elle est caractérisée par « l’affirmation économique », en particulier en Chine, ce qui constitue un grand défi pour l’Occident. « L’émergence de la Chine comme puissance dominante en Asie de l’est et du sud-est serait contraire aux intérêts américains. »
Le livre de Huntington reflète l’obsession de bien d’autres géopoliticiens, dont Zbigniew Brzezinski et Henry Kissinger, pour qui la seule priorité est de monter le « monde occidental » contre les pays eurasiatiques qui sont cruciaux pour le développement du Pont terrestre eurasiatique. Ils s’inspirent de l’idéologie géopolitique de Sir Alfred Mackinder qui pensait que la bataille pour le contrôle de la « masse terrestre eurasiatique » déterminerait quelle puissance serait hégémonique dans le monde.
Maintenant que ce choc de civilisations est sur le point de se matérialiser - avec des conséquences destructrices incalculables - Huntington et Brzezinski essaient de dissimuler leur responsabilité. Dans une interview à CNN, Brzezinski a conseillé au gouvernement américain de ne pas « sur-réagir » et de ne pas « se fixer sur le seul terroriste Ben Laden » de manière simpliste. Quand un journaliste de l’EIR lui a demandé s’il pensait que des éléments « voyous » au sein du renseignement américain et/ou des structures militaires étaient à l’origine de l’attaque du 11 septembre, Brzezinski a fait cette réponse laconique : « Cela m’a traversé l’esprit. »