Paris, le 29 janvier (Nouvelle Solidarité) - Décidément, on ne respecte plus rien dans ce bas monde… A commencer par notre banquier étoile, le prix Nobel des banquiers, Michel Pebereau, Président de BNP Paribas. Après avoir été accusé dans un article de Libération du 22 janvier de se trouver en conflit d’intérêt en tant que conseiller de l’Etat français dans le sauvetage et nationalisation d’un établissement concurrent, la banque franco-belge Dexia, voici qu’il est pris à parti par le médiateur de crédit de la République, René Ricol.
Nommé par Nicolas Sarkozy pour s’assurer que les banques qui ont été renflouées par l’Etat, utilisent bien ces fonds pour continuer à irriguer les entreprises et les particuliers en crédits, René Ricol a fait la réflexion suivante au cours d’une conférence de presse hier : « Il faut faire attention à la manière dont on parle des banques et ne pas jeter l’opprobre sur l’ensemble des collaborateurs. Si des patrons comme Michel Pebereau, de BNP Paribas se sont trompés de A à Z, les guichetiers eux ne sont en rien responsables de la crise financière. » René Ricol, dit-on, cultive le style justicier pour déstabiliser les grands banquiers. Pour l’instant c’est un jeu d’enfant, cependant. Il faudrait que René Ricol essaye le costume de Ferdinand Pecora, l’ancien procureur de New York qui animait la Commission d’enquête du Congrès américain créée par Roosevelt en 1933, sur les responsables de la grande dépression de 1929.
Peu à peu, les petites et grandes tricheries de Michel Pebereau commencent à être révélées au grand public. Les révélations de Money Week sur la réalité derrière les « profits » de 3 milliards affichés par BNP Paribas pour 2008, ont dû le rendre chèvre, sinon Chevré du nom de l’analyste de Money Week. Selon cette lettre, ces profits proviendraient essentiellement des frais de gestion des comptes, toujours en augmentation en temps de crise. Au-delà de ces profits, la réalité serait bien moins reluisante. Les autorités de régulation sauraient que les banques « ont planqué les cadavres de nombreuses victimes. Seuls quelques corps ont déjà été mis à jour mais les autres attendent encore sagement que leur odeur de décomposition les trahissent. (…) Par des artifices comptables, elles ont pu différer pour un certain temps l’annonce de leurs pertes passées. Quand aux pertes futures, tout le monde sait qu’elles existent (…) mais personne ne sait vraiment les quantifier. On sait simplement qu’elles seront bien plus importantes que les pertes déjà prises en compte. »
Pour faire face à ces pertes futures, les autorités financières ont demandé à ces banques d’améliorer leurs « fonds propres durs » (core Tiers-1). En même temps qu’elle publiait des profits, la BNP Paribas annonçait qu’elle tirerait encore 2,5 milliards d’euros du fonds de 40 milliards créé par l’Etat l’année dernière pour renflouer les banques. Sous la forme d’actions de préférence (actions sans droit de vote), ces fonds, additionnés aux 2.5 milliards que l’Etat avait avancé à BNP Paribas l’année dernière, sous la forme d’obligations à 8% dites « subordonnées à » (obligations remboursables seulement après toutes les autres en cas de faillite) et qui seront transformés elles-aussi en actions de préférence, la BNP Paribas devrait faire passer son ratio Tiers-1 de 7.5 à 8%. Car, astuce finale, les actions de préférence, bien qu’étant des titres de dette, peuvent être pris en compte dans le ratio Tiers-1.
Enfin, on ne rappellera pas assez que Michel Pebereau avait été à la tête de la Commission sur la dette publique réunie par Thierry Breton, ministre des finances, en 2006. Ce rapport, aux accents synarchistes, fouettait les pouvoirs publics pour avoir laissé filer la dette et dénonçait le trop plein d’élections qui rend les hommes politiques vulnérables à une opinion publique exigeant toujours plus de dépenses…
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