Prenant la parole devant l’« Association des hommes d’affaires germano-suisses » à Düsseldorf, le 28 février, Hans Meyer, président de la banque centrale suisse, a déclaré qu’il s’attendait bientôt à « quelque chose d’intermédiaire entre un krach et une correction » sur les Bourses mondiales. Les prix des actions, en particulier celles des nouvelles technologies, ont grimpé à des niveaux qui ne correspondent plus du tout à la situation réelle de ces entreprises. « Je suis convaincu qu’une correction va arriver, la seule question est de savoir quand », a-t-il dit. L’euphorie boursière est « insoutenable », comme l’indiquent les déséquilibres grandissants de l’économie américaine. Meyer cita ici le déficit du compte courant américain, le taux d’épargne négatif et les énormes problèmes sociaux existant aux Etats-Unis.
Suite à son rapport mensuel de février, la Bundesbank a de nouveau tiré la sonnette d’alarme au sujet des marchés financiers internationaux. Au cours d’une interview parue dans le Hamburger Abendblatt du 28 février, Ernst Welteke, président de la Bundesbank, a fait part d’inquiétudes à propos d’une dangereuse bulle spéculative qui, selon lui, « ne sont pas déraisonnables ». Welteke a donc recommandé aux banques plus de prudence en accordant des crédits pour les transactions sur les marchés financiers.
La folie sur les marchés financiers atteint actuellement un niveau extrême, amenant certains commentateurs financiers, même dans les médias de l’establishment, à oser dire quelques vérités. La semaine dernière, nous avions repris les commentaires de Larry Elliott parus dans le Guardian du 27 février. Au cours d’une discussion avec l’EIR, Elliott insista à nouveau : « Plus longtemps nous éviterons le krach, pire ce sera quand il arrivera. On ne peut rien faire sans purger le système financier le plus tôt possible. Regardez l’économie américaine, elle est incroyablement déséquilibrée. On a une bulle classique associée à un taux d’épargne négatif et un déficit extérieur croissant. Une combinaison de ce type est tout bonnement insoutenable. Fin 98, pour sauver ce système, Greenspan a eu de nouveau recours à l’inflation, ce qui n’a fait que prolonger l’agonie. » Les gens comme Greenspan « tenteront d’empêcher le krach jusqu’aux élections américaines. Mais le peuvent-ils ? Est-ce contrôlable ? Certains me prennent pour Cassandre, mais je sais que j’ai raison sur le plan stratégique, bien que la date de l’échéance ne puisse être définie avec certitude. »