16 septembre 2008 (Nouvelle Solidarité) — Au cours des derniers mois, le député démocrate de New York, Charles Rangel, a fait l’objet d’attaques de plus en plus vicieuses en provenance de Wall Street, à cause de son opposition à divers plans de renflouement et de sa défense des classes moyennes. Mais le New-yorkais, un Afro-méricain très apprécié qui en a vu d’autres et représente sa ville à Washington depuis 1971, n’est pas prêt à céder.
Les accusations portées contre lui, notamment dans les médias de New York appartenant à Rupert Murdoch, sont des plus fantaisistes, allant de l’utilisation inappropriée de son papier à en-tête de député, à la location d’appartements à prix réduit, en passant par la sous-estimation de ses revenus. Bref, des histoires classiques pour tenter de faire tomber un ennemi politique.
Le véritable mobile de ces attaques est, évidemment, ailleurs : Charles Rangel incarne le réflexe rooseveltien au sein du Parti démocrate. C’est lui qui aurait convaincu Hillary Clinton de se présenter à la présidence et il l’a soutenue durant toute la période des primaires, ce qui fit de lui la cible à la fois de la clique de Wall Street à l’origine des coups bas contre elle, et de la campagne de Barack Obama.
En outre, depuis début 2007, Rangel est président de la très puissante (certains disent la plus puissante) commission des Ways and Means de la Chambre, celle qui formule toutes les lois relatives aux impôts et aux recettes de l’Etat, et supervise les finances d’importants organismes sociaux comme la caisse de Retraite publique, les allocations chômage et l’assurance maladie pour les pauvres et les personnes âgées.
En 2007, le député de New York a mené une rude bataille à la Chambre en faveur d’un projet de loi qui aurait obligé les gestionnaires de hedge funds et de fonds d’investissement privés à payer un impôt de 35% sur leurs revenus, comme les autres directeurs d’entreprise, au lieu des 15% auxquels ils sont assujettis. Après avoir été adopté à la Chambre, le texte a été bloqué au Sénat.
Plus récemment, le renflouement illimité de Fannie Mae et Freddie Mac, annoncé par le ministre Paulson, a été rejeté cet été par la commission de Rangel. La majorité des membres voulaient fixer un plafond de 800 milliards de dollars au plan de sauvetage et le rendre transparent en portant le plafond de la dette de 9600 milliards de dollars à 10400 milliards.
En outre, Rangel vient de déclarer, dans une interview avec Mother Jones, que « l’une des plus graves questions que le Congrès et l’histoire devront peut-être affronter est de savoir pourquoi nous n’avons pas poursuivi la résolution de destitution [de Bush et Cheney] déposée par Kucinich. »
Le 9 septembre, le député républicain Boehner a demandé à Rangel de démissionner en attendant les résultats de l’enquête de la commission d’Ethique. Il avait déjà déposé une motion de censure à la Chambre, qui a cependant été rejetée à une forte majorité.
Malgré les pressions, Rangel a tenu une conférence de presse le 9 septembre, où il a confirmé son intention de se maintenir dans ses fonctions, à la Chambre comme à la Commission. Les journalistes proches de Wall Street étaient tous là en embuscade, mais beaucoup ont dû rire en entendant le député réfuter les accusations, une à une, tant elles sont ridicules.
« Avec toutes les questions que notre nation doit affronter, observa-t-il, des questions de vie et de mort, de guerre ou de paix, Fannie Mae, Freddie Mac, réforme du système fiscal, santé, éducation, aide sociale, et les élections, je suis étonné – mais alors, vraiment étonné – que cette affaire ait été répercutée à la une de tant de journaux. »
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