Sous une pression énorme depuis le début des événements au Tibet, le Pape Benoît XVI a finalement été contraint à s’exprimer sur la crise. Mercredi, il a finalement déclaréà l’intention de la Chine que « les problèmes ne se résolvent pas avec la violence, mais s’aggravent seulement ».
Pourquoi donc ces réticences du Vatican ? C’est Hervé Jannou, correspondant du Figaro au Vatican, qui l’explique dans ce quotidien aujourd’hui. Des négociations intenses ont lieu discrètement entre le Vatican et la Chine depuis quelque temps, visant à « régulariser la situation de l’église Catholique dans l’Empire du Milieu ». La réconciliation entre l’Eglise officielle chinoise, dont les cardinaux sont nommés par le Parti communiste et l’Eglise fidèle à Rome, dont les cardinaux sont nommés par le Pape personnellement, serait même l’un des grands défis que s’est fixé Benoît XVI dans son pontificat.
Voici la raison pour laquelle le Vatican cherche, à juste titre, à ménager autant que possible ses relations avec la Chine. D’autant plus qu’à la veille des jeux Olympiques, elle serait prête à lâcher du lest. Au cœur des négociations, la Chine exige que le Vatican ferme sa nonciature à Taïwan, ce que le Vatican aurait accepté. Mais, en échange, le Pape voudrait plus de garanties sur la liberté de pratiquer la religion en Chine et sur son droit à nommer les cardinaux à la place du Parti communiste.
Ceci explique parfaitement que le Pape ait préféré ne pas rencontrer le Dalaï-Lama dans la tournée qu’il effectua en Italie l’automne dernier et qu’il n’ait pas voulu s’exprimer sur les événements récents, d’autant que, comme l’écrit Hervé Jannou, au même moment, mardi dernier, une délégation chinoise se trouvait secrètement au Vatican !
Mais, dans ses négociations avec la Chine, le nouveau Pape ne manie pas que la diplomatie de velours. C’est l’évêque de Hong-Kong, le cardinal Joseph Zen ze-Kiun, qui n’est pas connu comme le plus souple qui a été chargé d’écrire les méditations du chemin de Croix du Colisée, un événement retransmis à travers le monde. « En pensant à la persécution, nous pensons aussi aux persécuteurs », aurait-il écrit dans ces méditations pensant à ce qui se passe au Tibet actuellement.